Faits divers, catastrophe humanitaire, Droits fondamentaux, résultats électoraux ou législations controversées : pas une semaine ne s’écoule sans que les questions migratoires ne focalisent l’espace public européen ou national dans l’UE. L’actualité tragique des îles Canaries (cf. EIH 6/11/2023) ou Lampedusa (cf. EIH 25/09/2023) entretient la tension sur les conditions dans lesquelles accueillir les migrants.
- L’attractivité de l’Europe et l’arrivée de nombreux migrants alimentent les discours des mouvements populistes, note le Financial Times.
- Les questions migratoires ont été le moteur de la démission du Premier ministre néerlandais M. Rutte – et de la victoire de Geert Wilders aux élections du 22 novembre 2023 (cf. EIH 4/12/2023).
- En France, le jeu électoral de ces derniers jours tourne autour d’une législation très controversée, et spectaculairement rejetée par l’Assemblée nationale, avant même l’ouverture des débats.
- Avec la dynamique européenne des partis de droite radicale, il est désormais acquis que ces questions occuperont une place centrale dans les prochaines élections européennes de juin 2024.
Parmi les tentatives, plus ou moins scabreuses, de trouver une solution pour alléger la tension, les Etats européens envisagent une externalisation des demandes d’asile (cf. EIH 11/9/2023).
- Grâce à des partenariats avec des pays tiers, sur fonds d’aide financière en échange de la prise en charge des migrants et des demandes d’asile, le temps qu’elles soient étudiées.
- L’UE a notamment un accord pour la prise en charge des flux avec la Tunisie. (cf. EIH 24/7/2023) .
- Le Royaume-Uni, dont la migration nette est en forte augmentation et qui durcit sa politique dans l’espoir de réduire fortement l’immigration, a trouvé un nouvel accord avec le Rwanda, pour envisager l’étude des demandes d’asile britannique sur le sol rwandais.
- Cette externalisation ne permet cependant pas le transfert des migrants arrivés au Royaume-Uni vers le Rwanda.
- C’est ce point qui a été jugé illégal par la Cour Suprême britannique.
- L’Italie envisage une externalisation de l’accueil avec l’Albanie voisine, comme nous l’expliquions dans nos analyses fin novembre.
- Le vote au Parlement vient d’être suspendu consécutivement à un recours constitutionnel a priori.
- L’accord ne sera soumis au vote de ratification que si la Cour constitutionnelle albanaise estime qu’il est conforme à sa constitution.
- Dans l’UE, le concours de créativité pour tenter de contrôler les flux migratoires va jusqu’à menacer d’obsolescence de l’espace Schengen. Ainsi, certains Etats membres ont rétabli des contrôles à leurs frontières.
- Une mesure qui remet en question le principe de libre circulation des personnes, et ne peut être durable à long terme.
- La solution passe obligatoirement par le renforcement des frontières extérieures de l’UE.
- Mais les murs de l’Europe Forteresse (cf. EIH 2/10/2023) portent autant de paradoxes que d’illusions de solution.
- Au lieu de limiter la migration, ces murs rendent les migrations davantage illégales, en renforçant le pouvoir des passeurs, un “symbole d’impuissance” selon le Temps.
- L’UE cherche d’ailleurs à renforcer ses mesures contre les passeurs, qui ne respectent ni les droits fondamentaux ni la sécurité des migrants.
- La Commission propose de modifier la législation européenne, redéfinissant le terme « passeur », en s’alignant sur le protocole des Nations unies.
- D’autant que l’une des pièces essentielles du dispositif européen vient de tomber avec décision du gouvernement de la junte militaire nigérienne.
- Les militaires au pouvoir ont décidé d’abroger une loi de 2015 qui criminalisait l’aide aux personnes migrantes.
- Le Niger était, jusque-là, un partenaire important de l’UE dans la lutte contre la migration.