FRANCHIR LA LIGNE VERTE 

Qu’on y voie une menace civilisationnelle comme la droite conservatrice, un défi économique comme les organisations patronales ou une ardente obligation morale comme les progressistes, les questions de migrations sont un enjeu majeur pour l’Union européenne. À travers les réponses plus ou moins libérales ou humanistes qu’elles y apportent, les sociétés européennes révèlent aussi bien la hiérarchie de leurs valeurs que leurs forces et failles démocratiques. Les statistiques montrent d’ailleurs que l’année 2023 a, depuis la crise de 2015 dans le contexte de la guerre en Syrie, enregistré le plus grand nombre de demandeurs d’asile en Europe. 

  • Les désaccords politiques à propos de l’accueil des migrants opposent les Etats membres entre eux et déstabilisent même les gouvernements.  
  • Certains, comme en Allemagne, considèrent la régularisation des demandeurs d’asile comme un moyen de pallier le manque de main d’œuvre  
  • En Belgique, sur une proposition similaire, le président, socialiste, de la région de Wallonie a essuyé un refus de la part du Premier Ministre fédéral, libéral. 
  • Aux Pays-Bas au début de l’été, ce sont les conditions du regroupement familial qui ont fragilisé la coalition au pouvoir. 
  • Le pays fait face à une crise du logement et des centres d’accueil saturés et à une explosion du nombre de demandeurs d’asile (70 000 en 2023). 
  • Cette question sera au centre du débat lors de la prochaine élection législative de novembre 2023, où conformément à une tendance forte au sein de l’UE, l’extrême droite pourrait être accueillie au sein de la prochaine coalition 

  

  • La gestion des migrants révèle souvent incohérences et renoncements dans le respect des principes fondamentaux affichés par les Etats. Il convient d’admettre qu’un vent mauvais souffle sur l’Europe : 
  • À Chypre, des attaques xénophobes ont eu lieu contre tous ceux qui n’avaient « pas l’air chypriote grec ».  
  • La tentation d’une externalisation du traitement des migrants, en l’occurrence les demandeurs d’asile, initié par le Danemark, et le Royaume-Uni est reprise par le gouvernement autrichien. 
  • La Tunisie qui par ailleurs s’illustre par un traitement particulièrement ignominieux des migrants subsahariens, abandonnés au désert. 

Décidément, jusqu’ici tout va bien.