NIAMEY NON 

Douze ans après les bouleversements des printemps arabes et la déstabilisation de la rive sud de la Méditerranée, c’est le reste de l’Afrique qui connaît des transformations géopolitiques profondes.

Dans le sillage d’un recul de l’influence européenne et occidentale en général, et du contrecoup de l’invasion russe en Ukraine, l’été 2023 a été le théâtre d’une série de coups d’Etat en Afrique (cf. EIH 4/9/2023), en particulier dans la région du Sahel. Au cours des 3 dernières années, 9 prises de pouvoir violentes sur lesquelles revient cette excellente étude du Democracy Hub.  Des observateurs parlent de “contagion” voire d’“épidémie”. Les conséquences de ces prises de pouvoir par des juntes militaires se font sentir sur la durée.

C’est le cas du  Niger, depuis le 26 juillet 2023 et le renversement du président Bazoum. 

  • Ce coup d’Etat et ses conséquences illustrent des dynamiques que l’on observe à une échelle régionale, au Sahel et en Afrique de l’Ouest.  
  • Les Etats africains s’éloignent peu à peu de l’Occident, en particulier de l’UE et plus spécifiquement de l’ancienne puissance coloniale française. 
  • Le Niger a ainsi annoncé le retrait de tous les soldats français de son territoire avant la fin de l’année. 
  • La plupart des soldats français avaient déjà quitté le territoire au lendemain du coup d’Etat, il n’en reste qu’environ 150, qui seront partis d’ici au 22 décembre. 
  • Concrètement EUCAP Sahel, et EUMPM, des missions civiles et militaires de l’UE, vont s’arrêter et leurs membres quitter le pays. 
  • La deuxième dynamique constatée est le rapprochement entre Etats du Sahel et Russie. 
  • Elle n’a jamais colonisé les pays africains, mais y a été présente à la grande époque des coopérations militaires et scientifiques soviétiques dans les années 1970. 
  • Cet article scientifique de 2013 soulignait déjà les continuités historiques. 
  • La Russie fournit aussi des armes sans demander de comptes, notamment en matière de droits fondamentaux, 
  • Elle a formé et continue de former de nombreux militaires. 
  • La France, qui avait par son histoire une place importante au sein de la prise de décisions européennes concernant l’Afrique de l’Ouest, va devoir apprendre à suivre les décisions plutôt qu’en être à l’origine. 

L’UE est aussi confrontée à une crise identitaire. 

  • Faut-il continuer de collaborer avec les juntes militaires, des régimes qui ne respectent ni les valeurs démocratiques, ni les valeurs de respect des droits fondamentaux, prônées par l’UE ? 
  • Mais si elle ne le fait pas, d’autres acteurs internationaux, comme la Russie ou la Chine risquent de prendre sa place.