Proclamé à la fin de la guerre froide par l’administration Bush senior, dans un élan d’enthousiasme vengeur devant l’effondrement de l’URSS et l’expansion d’une certaine idée de la démocratie libérale, le Nouvel Ordre Mondial (NOM) désignait le règne sans rival de l’hyperpuissance américaine. Les attentats du 11 Septembre 2001, puis l’émergence de puissances révisionnistes et d’un rival stratégique d’envergure mondiale avec la Chine ont, depuis, eu raison de cette pax americana un peu étrange. Le NOM est alors progressivement devenu un trope complotiste utilisé pour désigner les officines plus ou moins secrètes (Davos, Trilatérale, Bilderberg, G7) qui œuvreraient dans l’ombre à l’avènement d’un gouvernement mondial des élites ploutocrates apatrides et leur plan de “grande réinitialisation”.
- Pour le ministre des Affaires Etrangères russe à l’Assemblée Générale des Nations Unies, le 23 septembre 2023, un nouveau « nouvel ordre mondial est en train de naitre”.
- Prononcé dans un contexte de guerre d’influence et de désinformation des événements sur le front russo-ukrainien ce discours marque bien le basculement du monde à l’œuvre ces dernières années.
- L’ordre mondial hérité de 1945, et révisé en 1989, est totalement obsolète.
- L’invasion russe de l’Ukraine en février 2022 a mis un coup d’accélérateur à la redistribution des cartes en cours.
- A ce moment, le président français E. Macron considérait qu’il s’agissait d’un « changement d’époque ».
- Du point de vue militaire tout d’abord, le retour d’une guerre à l’ancienne, de conquête et de mouvement, sur le sol européen est venu remettre en question toutes les stratégies de défense de l’Union européenne.
- Dans cette analyse du Grand Continent, le chercheur Renaud Bellais estime que l’Europe doit repenser son modèle économique militaire pour faire face à “la guerre industrielle”.
- Habituée à la paix, et complaisante à l’égard d’un monde pourtant hostile, l’UE aurait pris conscience de manière trop brutale et trop tardive de la guerre, à ses portes, réagissant dans l’urgence.
- Pour ce spécialiste de questions de défense, l’UE doit donc réfléchir à une stratégie à long terme.
- Cela demande de l’anticipation, de la coopération transnationale et des investissements dans la recherche et le développement.
- Ce qui, selon les mots du président Macron en mars dernier, signifie basculer dans une « économie de guerre ».
- L’Europe a cependant du mal à mettre en place une cadence de production militaire soutenable.
- L’Allemagne peine à déployer les ressources nécessaires.
- Le défi militaire européen en matière d’armement et de politique de défense reste tout entier, pour pouvoir prétendre concurrencer les autres puissances.