BRICS: ORDO AB CHAOS ? 

Il faut prendre les BRICS au sérieux – mais sans y projeter de nouveaux fantasmes. Il ne s’agit pas d’un “bloc rival” calqué sur le modèle de la guerre froide. Il ne s’agit pas non plus d’une alliance militaire ou économique contre l’Occident et les Etats Unis. Se présente le début de la révision de l’ordre géopolitique, économique et idéologique hérité de l’après-guerre. La fin du consensus de Washington, assurément – comme expliquaient les économistes Dani Rodrik et Branko Milanovic au milieu de la crise Covid.  

 

  • Il est peu probable que les BRICS remettent en cause le rôle d’acteur géopolitique des États-Unis.  
  • Ce n’est pas nécessairement leur objectif.  
  • Leurs ambitions communes concernent l’intelligence artificielle et les échanges commerciaux.  
  • Leur banque de développement pourrait remettre en question notre conception occidentale de l’aide au développement.  
  • C’est par le biais de monnaies numériques locales, et non mondiales, qu’ils pourraient réussir à remettre en cause la prédominance de l’ordre financier occidental. 
  • Ceci semble réalisable avec la création de plateformes commerciales permettant de contourner le dollar américain, le système SWIFT, Visa, Mastercard. 

 

  • Leur émergence prend racine dans un moment particulier de la mondialisation.  
  • Les années 1990 avaient consacré la domination de la géoéconomie sur la géopolitique. 
  • Les années 2020 sont le théâtre d’un renversement dont les pays occidentaux sont d’actifs responsables.  
  • Avec le régime de régulation par les sanctions, le commerce mondial est considérablement bouleversé dans ses fondations.  
  • C’est ce que souligne une note du blog du FMI, qui décrit une “fragmentation économique” du monde, où les investissements directs étrangers (FDI) épousent désormais les fractures géopolitiques.  
  • Selon les calculs du FMI, depuis 2019, les restrictions commerciales ont triplé pour atteindre près de 3 000 en 2022, ce qui augmente les coûts des biens et services échangés.  

 

  • Parmi les autres formes de fragmentation figurent : 
  • Les estimations du coût de la fragmentation varient mais le FMI l’évalue à 7 points de pourcentage du PIB mondial à long terme.  
  • Dans un article de fond pour Foreign Affairs la directrice du FMI, Kristalina Georgieva (ancienne commissaire européenne) insiste sur la nécessité d’une coopération globale pour contrer les effets centrifuges de cette fragmentation. 
  • L’OMC tire également la sonnette d’alarme.  
  • Dans son discours annuel, son actuelle directrice générale Ngozi Okonjo-Iweala, estime que si le monde devait se diviser en deux blocs commerciaux, le PIB mondial diminuerait de 5 points de pourcentage. 
  • Certains pays en développement subiraient une perte de plus de 10 points de pourcentage. 

Il faut prendre les BRICS au sérieux.