ATERRISSAGE FORCÉ

Intellectuel bulgare et penseur de l’Europe, Ivan Krastev, président du Centre for Liberal Strategies, chercheur à l’Institute for Human Sciences et auteur du Destin de l’Europe, a livré un entretien très intéressant au site Visegrad Insight sur l’Europe et l’avenir de l’Ukraine au sein de l’UE.

 

  • I. Krastev note que l’agression de la Russie contre l’Ukraine a remis en question la politique de sécurité de l’Union européenne en montrant que la paix n’était pas un acquis.
    • Il évoque également la structure de pouvoir de l’Occident, expliquant que les Européens considèrent que les États-Unis et l’Union européenne sont identiques dans la plupart des pays en dehors de l’Occident.
      • En admettant que l’unité européenne apparaît comme forte, la souveraineté de l’UE n’est toujours pas au centre de l’agenda.

 

  • I. Krastev estime que le changement culturel nécessaire peut remédier au manque de culture stratégique commune au niveau européen, ainsi que l’idée que l’interdépendance économique permet d’éviter les guerres majeures.
    • Il souligne le fait que le potentiel militaire de l’UE n’est pas impressionnant et qu’il est nécessaire de changer la perspective culturelle quant à l’importance de la puissance militaire.
    • En conclusion, il affirme que l’idée de l’Europe en tant que puissance autonome est liée à l’époque de Trump et qu’elle a touché le cœur de nombreuses personnes.
      • Toutefois, la perte d’attrait pour l’Europe en tant que puissance souveraine est principalement liée au fait que les États-Unis recommencent à agir d’une manière similaire à l’époque de la guerre froide.
  • Les réflexions d’Ivan Krastev sont une incitation supplémentaire pour l’UE et ses dirigeants à sortir de leur tendance trop complaisante à l’eurocentrisme pour prendre acte de l’état du monde.
    • Un monde dans lequel l’Afrique est, par exemple, le lieu d’investissements stratégiques massifs de la Chine sur les matières premières critiques, comme l’illustre cette carte de the Economist Intelligence Unit.
    • Il est temps d’arrêter de s’admirer dans le miroir : nous ne sommes pas seuls au monde, rappelle l’historien espagnol Ortiz-Serrano dans un long éditorial pour El Pais.
      • Il insiste justement sur les trajectoires de la Chine et des Etats Unis pour plaider la cause d’une Europe actrice et non spectatrice d’un monde multipolaire.
    • La guerre de Poutine en Ukraine agit à ce sujet comme un catalyseur d’unité remarquable, souligne le professeur Riccardo Perissich, dans un long éditorial pour Telos. Il explique :
      • «  Si la stratégie commune doit continuer à bénéficier du soutien de l’opinion, les gouvernements ont deux impératifs.
      • Le premier, tout en reconnaissant avec réalisme les différentes situations nationales, est d’accroître la coordination et, surtout, la rapidité de la mise en œuvre de leurs engagements.
      • Le second est de rendre plus clair et plus cohérent le discours sur ce qui est fait et pourquoi. »