AFRICA QUO VADIS ? 

Prévisible selon certains observateurs, la remise en cause de la réélection du Président Bongo, au Gabon, est le dernier en date d’une longue série de coups d’État qui ont secoué l’Afrique ces trois dernières années. Si les réactions internationales restent prudentes, le coup semble cependant bien accueilli par des Gabonais globalement lassés de l’immuabilité d’un pouvoir dynastique. 

  • Dans son éditorial, Pierre Haski suggère que les nouvelles générations identifient les militaires comme des sauveurs et perçoivent ces putschs comme la seule manière de changer de régime politique.  
  • En outre, l’effet domino entre les différents coups de force semble consolider les juntes militaires au pouvoir. 
  • Du point de vue européen, ces putschs révèlent surtout un recul de l’influence des Occidentaux dans des pays qui constituaient jadis leurs empires coloniaux.  
  • Entre réalisme géopolitique, mauvaise conscience historique et intérêts économiques, l’UE et ses États membres hésitent sur les attitudes à suivre.  
  • Et ce d’autant que d’autres puissances sont promptes à exercer leur propre influence.  
  • Ainsi, au Niger, les États-Unis ne veulent pas couper leurs relations diplomatiques avec la junte militaire en place tandis que la France maintient une politique ferme à l’égard de cette dernière précise Wassim Nasr, dans une analyse pour Le Grand Continent. 
  • C’est en particulier le cas de ceux qui comptent des troupes sur le continent africain. 

 

  • L’enjeu géopolitique est crucial pour l’UE car outre les questions migratoires et énergétiques (cf. notre EIH du 28/8/23), ces pays représentent aussi des espaces d’influence directe pour des adversaires.  
  • Certains observateurs craignent que des groupes djihadistes en profitent pour renforcer leur puissance en se servant des enjeux sécuritaires.  
  • Discrète et circonspecte face à cette instabilité chronique qui menace ses investissements et ses approvisionnements, la Chine envisage de se positionner comme pourvoyeuse de sécurité, à l’instar des États-Unis ou de la France, ou de l’ancienne URSS.  
  • C’est le retour d’une présence russe marquée en Afrique qui inquiète tout particulièrement les Occidentaux.  
  • Comme le rappelle le Raluca Besliu dans le Green European Journal, la Russie bénéficie du soutien d’un certain nombre de pays africains depuis l’invasion de l’Ukraine.  
  • Moscou sait jouer du ressentiment local contre les influences étrangères, en particulier si l’on tient compte des promesses d’aide qui n’ont “jamais été vraiment honorées”, rappelle le Financial Times. 
  • En outre, la propagande russe a beau jeu de montrer que les sanctions occidentales sont les vraies raisons qui expliquent l’interruption des livraisons de grains, essentielles pour cette partie du monde