Un coup “pas comme les autres”. Un mois après la destitution du président Bazoum, la situation au Niger et les implications du putsch sont encore complexes à démêler.
- Rappelant qu’au Niger, “les coups sont d’abord une probabilité statistique”, le politiste africain Rahmane Idrissa propose une passionnante mise en perspective historique de l’histoire politique mouvementée du pays.
- Dans une analyse au fond, la chercheuse Nina Wilen revient sur les trois caractéristiques qui font de la prise du pouvoir à Niamey par les militaires un moment sérieux de basculement de la zone du Sahel.
- Premièrement, rompant avec les certitudes assénées un peu partout sur le ressentiment colonial, l’influence russe ou encore la corruption du régime, aucune explication n’est en soi suffisante.
- Ensuite, un conflit international est tout à fait possible : les réactions hostiles de la CEDEAO et en particulier de la grande puissance régionale frontalière, le Nigéria, suivie des déclarations de solidarité militaire aux putschistes par d’autres Etats du Sahel, font craindre un embrasement inédit dans la région.
- Enfin, et c’est lié, les enjeux internationaux sont énormes et complexes.
- Pour l’Europe, outre les questions migratoires (V. Etat de droit), les conséquences sont à la fois profondes et incertaines.
- La coopération militaire française (et les ressortissants français mieux évacués qu’au Soudan ou en Afghanistan, précise Nicolas Gros dans son blog sur l’Europe de la défense) et l’aide financière de l’UE sont désormais suspendues.
- Il est trop tôt pour savoir si c’est effectivement une “frontière” extérieure européenne qui est menacée par un mouvement d’enveloppement russe – surtout au moment où le groupe Wagner se retrouve apparemment décapité.
- Peut-être est-ce le moment de réévaluer la méthode et la substance des relations euro-africaines, sur d’autres modalités cette fois bien libérés des derniers réflexes coloniaux.