TRENDS  

L’Europe traine sa schizophrénie migratoire comme un fardeau (cf. EIH 10/9/23). Sous la pression d’opinions publiques de plus en plus hostiles à l’accueil de nouveaux migrants, les gouvernements européens cherchent à convaincre leur électorat qu’ils agissent, quitte à mettre en tension le respect des droits humains et leurs finances publiques déjà mal en point. Car la solution imaginée par les conservateurs britanniques, de délocaliser le traitement des demandeurs d’asile (au Rwanda en l’occurrence) s’est imposée comme une référence (cf. EIH 12/6/23, EIH 26/11/23, EIH 24/3/24).  

  • Cependant, au cours des neuf premiers mois de 2024, les franchissements illégaux détectés aux frontières de l’UE ont chuté de 42 %, selon Frontex.  
  • En revanche, les passages en provenance d’Afrique de l’Ouest (en particulier les Canaries, cf. EIH 5/11/23) ont doublé et ceux aux frontières terrestres orientales de l’UE ont presque triplé. 
  • Une situation que la Pologne, principale destination, n’a pas hésité à assimiler aux tentatives de déstabilisation d’une guerre hybride menée par les voisins russes et biélorusses.  
  • La plupart des traversées irrégulières ont eu lieu par la Méditerranée et la Manche. 
  • Les principaux pays d’origine des migrants sont la Syrie, le Mali et l’Ukraine. 

  

  • Peu importe dans quelle mesure la migration est considérée comme un problème, les pays ont des approches différentes.  
  • La nouvelle approche du gouvernement, annoncée par D. Tusk samedi sous le titre de travail « Reprendre le contrôle, assurer la sécurité », a été critiquée pour inclure une suspension territoriale temporaire des droits d’asile. 
  • De nombreux responsables politiques considèrent comme légalement discutable. 

  

  • Le Premier ministre italien, Giorgia Meloni, s’est déclarée favorable à une révision des stratégies de l’UE pour permettre le retour des réfugiés syriens. 
  • Néanmoins, de nombreux pays de l’UE, dont les Pays-Bas où l’extrême-droite l’a pourtant emporté, s’opposent à tout engagement avec la Syrie, invoquant des problèmes de sécurité.  

  

  • D’ailleurs, Gabriel Attal, ancien Premier ministre et chef de file des députés macronistes, a exprimé son scepticisme quant à la pertinence d’une telle réforme, soulignant qu’elle n’est pas prioritaire.  
  • Il rappelle qu’une loi a déjà été adoptée il y a moins d’un an, avec des mesures qui n’ont pas encore été mises en œuvre.  
  • L’une des mesures proposées consiste à allonger la durée maximale de détention de 90 à 210 jours, un point pourtant déjà abordé dans une loi de 2018.