PACTA SUNT SERVANDA

La réforme du droit d’asile est sur la table européenne depuis 2019 et tourne en rond, explique Hedwig Giusto pour le Progressive Post. La conclusion des négociations au Conseil le 8 juin 2023 ne marque qu’un léger progrès vers une convergence européenne potentielle sur cette question hautement inflammable, régulièrement ravivée par des faits divers tragiques et de violentes paniques morales.

  • Dans l’ensemble, les États membres sont parvenus à se mettre d’accord sur les principaux piliers du système d’asile de l’Union, la responsabilité, la solidarité et les règles de procédure.
    • Le plus important, soulignent les spécialistes, c’est que l’accord réduit les normes de protection en Europe.
    • Deux pays se sont opposés à l’accord : la Hongrie et la Pologne, principalement, parce qu’elles ne croient pas que l’Europe devrait avoir un système d’asile.
    • Quatre se sont abstenus : La Bulgarie, Malte, la Lituanie et la Slovaquie, pour des raisons différentes dans chaque cas.

  • Dans son analyse du pacte européen sur les migrations Eurointelligence revient sur deux dispositions fort controversées.
    • La première prévoit l’envoi de migrants dans des pays tiers sans passer par le processus d’enregistrement, sur le modèle du Royaume-Uni et du Danemark, où un pays tiers, en l’occurrence le Rwanda, est rémunéré pour accepter des migrants qui n’ont pas entamé de procédure d’asile.
      • Le Royaume-Uni autorise en outre une période de trois mois pendant laquelle les migrants sont supposés ne pas être entrés dans le pays, mais une telle disposition n’existe pas dans l’UE.
    • La deuxième disposition est un système de redistribution volontaire visant à alléger le fardeau qui pèse sur les pays de première ligne.
      • L’idée est de répartir les migrants entre les autres États membres de l’UE ou en indemnisant le pays d’arrivée par un versement unique de 20 000 euros par migrant.

  • Comme en 2015 au moment de la proposition (similaire) faite par le président de la Commission Jean Claude Juncker, les principales oppositions viennent des pays d’Europe centrale.
    • En particulier la Hongrie, qui le considère comme injuste et contraire à la solidarité volontaire.
    • Il en va de même pour la discussion sur la réforme du « système de Dublin».
      • Il suffit d’une minorité de blocage au Conseil (représentant au moins 35 % de la population de l’UE) pour faire échec à la proposition de la Commission.
    • Le journal conservateur allemand FAZ estime qu’environ 15 ou 16 États membres sont favorables à la suppression de la condition selon laquelle les migrants envoyés dans des pays tiers doivent avoir une relation avec ce pays.
      • L’Autriche, dont la coalition gouvernementale est dominée par les conservateurs, par exemple, a subordonné son vote à la suppression de cette condition.

  • Des inquiétudes sont exprimées quant aux conséquences négatives potentielles d’une telle disposition.
    • C’est en particulier le cas de l’établissement d’un modèle commercial pour des pays tiers comme le Rwanda.
    • Est aussi soulevé le risque paradoxal d’attirer davantage de migrants si le programme de rapatriement ne parvient pas à en expulser un nombre significatif.