Suivant l’exemple de nombreux de partis du PPE, la CDU a fini par adopter un changement de stratégie agressif en voulant concurrencer l’AfD sur le thème de l’anti-immigration. Une stratégie déjà éprouvée dans d’autres pays européens, en particulier en France, qui aboutit la plupart du temps à renforcer l’original au détriment de la copie. L’expérience récente de la politique européenne suggère qu’il est plus intelligent pour le centre-droit de former des coalitions avec l’extrême droite, tout en conservant un profil centriste distinct, que d’ériger un pare-feu autour d’eux et de voler leurs politiques. Comme en Suède par exemple (cf. EIH 20/10/22).
- Alors que l’encre sur le Pacte Asile –Migration du printemps dernier est à peine sèche (cf. EIH 21/04/24), la question de la régulation des migrations était déjà au coeur des priorités affichées par Ursula von der Leyen dans ses promesses pour un 2e mandat.
- L’Allemagne d’Angela Merkel a fondamentalement changé sur ce sujet.
- Surtout après l’émotion priorités nationale très forte suite au triple meurtre au couteau imputé à un Syrien à Solingen.
- Ainsi, le nouveau parti “Mouvement de Sahra Wagenknecht” a lui aussi fait de l’immigration un de ses chevaux de bataille avec succès.
- Sarah Wagenknecht, “la nouvelle star de la politique allemande” comme l’appelle cet article de The Economist.
- AfD et BSW prospèrent sur trois thèmes : l’opposition à l’immigration, l’opposition aux livraisons d’armes à l’Ukraine et les effets de la désindustrialisation.
- Aux élections régionales récentes, le BSW s’est imposé comme le pivot des coalitions potentielles – avec ou sans la CDU.
- Le vote commun pour ces deux partis d’extrême droite et d’extrême gauche se situe actuellement autour de 30 % au niveau national.
- Ils renforcent d’ores et déjà leur présence dans la chambre des Régions (Bundesrat) co-législatrice.
- Même s’il est trop tôt encore pour en tirer des conclusions sur les coalitions qui pourraient émerger des élections de 2025.
- Alors que l’Allemagne est un des principaux contributeurs à l’effort de guerre ukrainien, le poids de ces deux partis pourrait avoir des conséquences sur le budget, et donc sur la continuité de l’engagement allemand.
- Le budget 2024 avait – déjà l’année dernière – donné lieu à une crise profonde (pour des raisons constitutionnelles) cf. EIH 10/12/23, le feuilleton n’est pas fini.
- Après les élections européennes, l’Ukraine peut légitimement s’inquiéter des prochaines élections allemandes – nationales, ou régionales.