Il y a des élections régionales plus significatives que d’autres. Celles qui prennent place depuis la rentrée en Allemagne pourraient avoir un impact européen à terme, et une portée géopolitique disproportionnée pour ce genre d’échéances électorales.
En Thuringe et Saxe la semaine dernière et dans le Brandebourg le 22 septembre, ces 3 régions sont, comme l’ensemble de l’ancienne Allemagne de l’est des bastions du parti d’extrême-droite Alternativ für Deutschland, un parti tellement infréquentable que même le RN français a tenu à s’en détacher – menant d’ailleurs à la création d’un 3e groupe d’extrême-droite au parlement européen (cf. EIH 15/7/24).
- L’ombre de Weimar titre Ouest-France, en référence aux années 1930.
- The Economist s’interroge sur les raisons de la réussite de l’extrême-droite dans cette partie de l’Allemagne, où les structures sociales héritées de l’ancien régime n’ont pas bien vécu la transition vers l’ouest. Et se sont volatilisées.
- Ainsi à l’exception du RB Leipzig et de l’Union Berlin, aucun club de football de l’est n’est présent dans l’élite du championnat de football allemand, la Bundesliga.
- La désindustrialisation et le sentiment de déclassement sont des terreaux fertiles pour l’extrême droite, note cet article de The Economist.
- Avec la victoire de l’AfD dans les élections des Länder de Thuringe et leur 2e place en Saxe, les cartes politiques outre-Rhin sont rebattues.
- En Thuringe, le SPD du Chancelier, Olaf Scholz, à 6,1 %, est durement sanctionné.
- Les Verts disparaissent du Parlement local.
- Partout, la coalition au pouvoir (Socialistes/Verts/Libéraux) s’effondre, confirmant son affaiblissement inéluctable à un an des prochaines législatives.
- Des élections en 2025 qui pourraient voir revenir au pouvoir la CDU, ce qui changerait considérablement la donne au Conseil européen, où la grande famille PPE (centre-droit) a progressivement reconquis la majorité (12 Etats-Membres sur 27).
- En Saxe, la CDU arrive largement en tête. Mais justement, le centre-droit de F. Merz se retrouve dans une impasse régionale qui préfigure le casse-tête national.
- En effet, la CDU a érigé des cordons sanitaires formels avec tous les partis désignés comme “extrêmes” – c’est à dire die Linke (le parti de gauche radicale très implanté dans ces régions), l’AfD et le mouvement Sahra Wagenknecht après son boycott du discours de Volodymyr Zelensky au Bundestag.
- F. Merz qui a en outre fait campagne contre l’agenda des écologistes et évidemment contre les sociaux-démocrates doit résoudre la quadrature du cercle politique.
Les choix régionaux des prochains jours pour arriver à des gouvernements régionaux auront obligatoirement un impact national – et européen.