Serbie et Hongrie ont une place particulière dans la vision chinoise de l’Europe, rappelle Pierre Haski dans son éditorial sur la visite de Xi en Europe. Au cours de la décennie précédente, la Chine a investi massivement dans des infrastructures en Serbie, notamment dans une ligne de chemin de fer reliant la Serbie et la Hongrie. Cette visite constitue également un signal fort pour démontrer que le format des “17+1” fortement affaibli par les défections des pays baltes en 2022 et de l’Italie en 2023, reste actif et bénéfique. En maintenant des relations individuelles et privilégiées avec Budapest et non seulement la France et l’Allemagne, Pékin s’assure aussi de relais à la table du Conseil européen et de l’UE.
- La Hongrie a également pu bénéficier de financement de grands programmes d’infrastructures, la Chine étant devenu le premier investisseur en Hongrie en 2023 (cf. EIH 28/1/24).
- De nouveaux projets ont déjà été annoncés tels que la construction d’un oléoduc entre la Serbie et la Hongrie ou bien le développement de la filière nucléaire hongroise, pourtant chasse gardée du russe Rosatom.
- La visite permet ainsi de récompenser le président Viktor Orbán pour son attitude de cavalier seul au sein de l’Europe.
- Une position encouragée par la Chine, qui cherche à diviser l’Europe afin d’en tirer des accords bilatéraux commerciaux les plus favorables possibles.
- Et de freiner éventuellement les procédures à son encontre (cf. EIH 10/3/24), comme celle sur le dumping de ses véhicules électriques.
Dans cette perspective, le choix de la Hongrie est aussi lié au calendrier européen puisque Budapest assumera la présidence tournante de l’Union européenne à partir de juillet 2024.