LABEL ROUGE 

Comme pour le choléstérol, il y a deux protectionnismes. Le mauvais protège des activités en déclin d’une exposition à la concurrence qui scellerait leur sort. Le bon protège des activités en essor pour les renforcer avant qu’elles ne se confrontent à plus fort qu’elles. Dans l’UE, les deux cultures coexistent. Elles doivent cependant composer avec la préférence du libre échange qui domine les institutions et une majorité d’Etats membres. 

Ce fut l’une des grandes histoires des années 2010 : le déclin de l’industrie photovoltaïque européenne tuée par la concurrence chinoise – et  un peu par la crise financière et les mesures pro-cyclique d’austérité budgétaire 

  • Aujourd’hui, dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes avec la Chine et de chaînes d’approvisionnement perturbées par la pandémie de Covid-19, les arguments en faveur d’une industrie de fabrication solaire locale en Europe sont revenus au premier plan 
  • En 2023, l’Union européenne a atteint un niveau record d’installation de panneaux solaires. Malheureusement,  la concurrence des panneaux solaires chinois moins chers continue d’exercer une pression sur les acteurs européens de la chaîne d’approvisionnement photovoltaïque.   
  • Pour Robert Habeck, vice-chancelier allemand écologiste, il y a là une situation préoccupante qui nécessite de maintenir un niveau de production européenne pour des raisons stratégiques et environnementales. 

 

  • La question se pose : avec quels instruments? Elle se pose à nouveau en ce qui concerne les mesures antidumping des années précédentes qui visaient à encadrer les subventions étrangères pour rétablir l’équilibre de marché.  
  • Pour rappel, le cadre de l’antidumping s’inscrit dans le cadre des objectifs de politique commerciale commune de l’UE.  
  • Plus précisément, les mesures de défense commerciales communes. 
  • En effet, certains acteurs de l’industrie plaident en faveur d’une seconde série de tarifs antidumping. 

  

  • Kadri Simson, commissaire à l’énergie, s’est déclarée réticente à de telles mesures au motif qu’il faudrait maintenir des frontières ouvertes.  
  • Dans cette perspective, K. Simson et T. Breton ont adressé une lettre au ministre belge de l’Energie, dans le cadre de la présidence tournante du Conseil de l’UE. 
  • Ils proposent la signature d’une « Charte européenne solaire ». 
  • Elle inciterait les pays de l’UE à favoriser les panneaux solaires fabriqués en Europe à travers divers outils. 
  • Ils imaginent des enchères et des incitations financières, sans limiter la concurrence mondiale. 
  • L’UE a fait le choix d’un modèle de chaines de valeurs mondialisées et d’interdépendances censées fiabiliser ses partenaires.  
  • Face à des comportements non-ccopératifs, la crainte des répercussions générales du protectionnisme, chinois en particulier, sont fondées.  

 

On peut cependant se demander si une telle “Charte européenne” suffira à inciter les entreprises et les consommateurs à privilégier les panneaux solaires fabriqués en Europe.