Le chancelier allemand Olaf Scholz vit un paradoxe politique particulièrement inconfortable. Formée sur la promesse d’une modernisation structurelle en faveur des transitions écologiques et numériques, sa coalition avec les Verts et les Libéraux doit faire face à une remise en cause tellement brutale de l’ordre du monde qu’elle se replie sur des fondamentaux conservateurs : austérité budgétaire mutilante, sécurité énergétique pour maintenir une industrie énergo-intensive et défense du modèle allemand néomercantiliste fondé sur les exportations.
- A contre-courant de la tendance européenne qui voit désormais dans la Chine un rival stratégique plutôt qu’une opportunité de marché, Olaf Scholz s’est rendu en Chine du 14 au 16 avril avec une traînée de patrons allemands pour tenter de sauvegarder ce qui reste de l’influence du Mittelstand dans l’Empire du Milieu.
- Selon une enquête menée par les chambres de commerce allemandes en Chine, un grand nombre d’entreprises allemandes se plaignent des difficultés d’accès au secteur officiel chinois et aux universités, ainsi que du manque d’accès aux marchés publics.
- L’accueil n’aura pas été des plus cordiaux.
- Xi Jin Ping reproche à l’UE son approche protectionniste des imports de véhicules électriques fabriqués en Chine (cf. EIH 28/1/24).
- Emmanuel Macron réclame un “rééquilibrage” des relations commerciales entre le bloc européen et le pays asiatique.
- Dans ce contexte, la visite du chancelier n’a pas suscité beaucoup d’optimisme.
- Pour ne rien arranger, le chancelier allemand critique ouvertement l’Union et ses partenaires, pour un effet proche de zéro.
- Il critique les droits de douane prévus par la Commission européenne sur les voitures électriques chinoises,
- il a déclaré que l’UE devrait agir dans une position de compétitivité confiante plutôt qu’à partir de motifs protectionnistes.
- Il est ahurissant qu’un dirigeant européen critique la politique de l’UE lorsqu’il se trouve à l’étranger.
- Cela est d’autant plus étonnant que son pays est l’un des principaux décisionnaires de l’Union.