Il faudra y revenir, mais le Conseil européen des 14-15 décembre 2023 a revêtu une importance toute particulière pour l’Ukraine. Deux questions majeures qui ont été discutées concernaient Kiev au premier chef : la poursuite du soutien européen à l’Ukraine en guerre et l’avancement des procédures de candidatures de trois Etats ex- soviétiques. Des signaux vitaux pour le moral d’un pays épuisé par bientôt deux années de conflit ouvert avec la Russie, provoqué par “son désir d’Europe” depuis une décennie.
- Sans surprise, mais non sans mal, l’UE a officiellement décidé d’ouvrir les négociations avec l’Ukraine – et la Moldavie.
- La Géorgie a reçu quant à elle le statut officiel de pays candidat, une nouvelle célébrée avec style et enthousiasme comme une victoire sportive par les citoyens géorgiens, en réplique des manifestations pro européennes du printemps dernier (cf. EIH 6/3/2023).
Mais jusqu’au dernier moment, rien n’était certain. L’opposant principal au Conseil européen était Viktor Orban, lequel menaçait d’utiliser son droit de veto.
- L’unanimité requise en matière de politique étrangère et d’élargissement confère à un seul pays le pouvoir de s’opposer à une décision commune des 26 autres.
- Une situation qui est au cœur des potentielles réformes institutionnelles (cf. EIH 4/12/2023) de l’UE, pour supprimer l’unanimité.
- La semaine dernière, la Commission européenne a finalement cédé au chantage de V. Orban en débloquant 10 milliards d’euros, de fonds européens, jusqu’ici gelés en raison du non-respect de l’Etat de droit en Hongrie.
- Mais la poursuite de l’aide, financière et militaire de l’UE à l’Ukraine s’est heurtée au veto hongrois.
- Conscient qu’il ne pourra pas remporter la guerre sans un soutien sans faille de ses alliés occidentaux, le président ukrainien V. Zelensky s’était auparavant rendu aux Etats-Unis pour tenter de convaincre les élus, en particulier les Républicains, de plus en plus ouvertement hostiles à ce soutien.
Des attentes déçues, car Joe Biden n’a pas pu lui promettre de maintenir son aide.
- Le président américain se trouve confronté à l’opposition du Congrès.
- Les Républicains lient le soutien à l’Ukraine aux questions de gestion des migrations à la frontière mexicaine.
- Une position saluée par Moscou. Ce qui aurait dû les pousser à repenser leurs décisions selon le président Biden.
- L’Ukraine, sur le reculoir en matière militaire, est hautement dépendante du soutien américain.
- Pour François Clemenceau dans La Tribune, le maintien de ce soutien est indispensable puisque ce sont “les valeurs européennes” qui sont en jeu dans cette guerre.
- Selon lui, il est essentiel que l’UE envoie un « signal sans équivoque à Moscou, Kiev et Washington », en maintenant son soutien.
- Selon cette analyse d’Agenda Publica également, le conflit va bien au-delà d’une simple conquête de territoire.
- Ce sont l’intégrité, l’indépendance et l’existence culturelle de l’Ukraine qui sont en jeu.
- La menace d’ambitions impériales russes pourrait donc peser sur d’autres Etats à l’avenir.
Rien n’est encore gagné pour l’Ukraine, même si elle a déjà franchi une grande étape de son parcours européen.