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Avec l’accélération des pressions (cf. EIH 12/11/23), il ne s’agit plus de se demander si l’élargissement de l’UE aura lieu, ni quand il aura lieu, mais comment. Tous les observateurs s’accordent et le soulignent : les équilibres actuels de l’UE ne peuvent pas en sortir inchangés.  

  • La ministre des Affaires européennes française, Laurence Boone, souligne dans cette analyse pour Le Grand Continent, que les “changements sont inévitables”. 
  • Avant toute chose, il faut penser l’élargissement dans une une perspective historique, car les conditions et le contexte actuel sont singuliers. 
  • L’optimisme observé lors de l’élargissement de 2004 contraste avec la dynamique actuelle, marquée par la montée des mouvements populistes au sein de l’UE et la résurgence de conflits territoriaux. 
  • Il est nécessaire de faire des réformes institutionnelles pour que l’élargissement se passe bien. C’est ainsi que le rapport franco-allemand préconise des changements immédiats : 
  • La suppression du droit de veto ou l’accélération du processus d’adhésion. 
  • Les mécanismes tenant à une certaine conditionnalité dans le versement des fonds européens ne sont, à l’heure actuelle pas assez stricts. 
  • Ceux-ci doivent inspirer de nouveaux outils de façon à ce que l’Union garde le cap, nous expliquait dans cette interview exclusive, Shahin Vallée, un des experts à l’origine de ce rapport. 
  • L’amélioration de l’Etat de droit dans les pays candidats est aussi un impératif central, comme le rappelle cette étude du think tank Bruegel. 
  •  Outre la vocation à réunifier un continent ravagé par les guerres, il y a deux moteurs historiques à l’élargissement. Le renforcement du marché commun a longtemps été le principal mais les questions géopolitiques et de sécurité du continent européen ont aussi pesé en faveur de la Grèce, en pleine guerre froide, comme elles pèsent pour l’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie actuellement. 
  • L’UE doit développer sa puissance de défense, envisager la dissuasion collective et protéger ses frontières. 
  • Il s’agit d’anticiper un éventuel repli américain et de proposer des garanties de sécurité pour les pays candidats non membres de l’OTAN, comme l’Ukraine, la Moldavie ou la Géorgie – pour garantir le maintien de la paix. 
  • La puissance économique et numérique constitue un autre axe majeur sur lequel l’UE doit s’affirmer.  
  • Dans un contexte de rivalité entre la Chine et les États-Unis, l’UE doit renforcer sa compétitivité en accélérant le développement de l’intelligence artificielle, améliorant le numérique et consolidant le marché unique de l’énergie. 
  •  Cependant, l’élargissement n’est pas sans coût. Le risque de fragiliser la cohésion de l’UE est très fort. 
  • L’adhésion d’une puissance agricole comme l’Ukraine drainerait les fonds de la PAC au détriment des autres Etats membres.  
  • La pauvreté et le retard de développement de certaines régions en Ukraine, dans les Balkans ou en Moldavie ferait baisser automatiquement les moyennes européennes. 
  • Aucun élargissement ne peut se concevoir désormais sans convergence économique et sociale si l’on veut obtenir l’adhésion citoyenne. 
  • Cela implique des réformes profondes au niveau des politiques européennes, du budget et de la gouvernance, avec la possibilité de réformes à plusieurs vitesses. 
  • Alors que nous ne sommes même pas sûrs de pouvoir envisager des listes transnationales pour les élections des députés européens, l’ambiance s’avère particulièrement morose.