Cette recrudescence des arrivées dans les Îles Canaries provoque les même tensions et les mêmes violations de droits fondamentaux aux frontières extérieures de l’UE. Une nouvelle fois, les fragilités du “système de Dublin”.
- Plusieurs associations et ONG s’inquiètent d’une « faillite grave de l’État de droit » – car les autorités espagnoles dépassées n’assurent plus l’obligation d’identification et ne sont plus en capacité de proposer l’assistance d’un d’avocat aux demandeurs d’asile.
- El Pais explique ainsi qu’une trentaine de sénégalais ont été renvoyés vers Dakar.
- Le gouvernement des Canaries fait état d’une capacité d’accueil de 50 mineurs, alors qu’en pratique, 200 mineurs seraient sur place.
- Comme à Lampedusa, le décalage est spectaculaire: l’Île El Hierro, où 1.200 migrants arrivaient le 3 octobre 2023, ne compte que 11.000 habitants.
- Présidente en exercice du Conseil de l’UE et gouvernée par une coalition socialiste/gauche radicale reconduite grâce à un accord avec les régionalistes catalans (cf. EIH 26/09/23) même si tout n’est pas encore réglé, l’Espagne tente, tant bien que mal, d’assumer sa part de responsabilité dans l’accueil.
- Le gouvernement Sanchez annonce d’ici la mi-novembre, l’ouverture de 11.000 places d’hébergement supplémentaires à Madrid, Alcalá de Henares, Séville et Carthagène.
- Sont notamment mobilisées des structures ayant précédemment accueillis des Ukrainiens ayant fui le conflit.
- Les migrants d’Afrique subsaharienne ne seront autorisés à y demeurer que pour une durée d’un mois : cette limitation s’explique par les réticences des autorités locales.
- La répartition des migrants, par le gouvernement, au sein du territoire espagnol est source de protestations internes.
- Le sujet occupe l’essentiel des activités de l’opposition des PPE et Vox.
- Au-delà des difficultés internes propres à l’Espagne, la question de la cohérence de l’Union dans ses politiques migratoires reste sans réponse.
- Certes, la responsabilité des pays de départ, en particulier du Sénégal est lourde.
- Boubacar Seye, président de l’organisation « Horizon sans frontières », explique que les autorités sénégalaises ne cherchent pas à limiter les départs de ses nationaux.
- L’extrême pauvreté au Sénégal, l’homophobie et le mariage forcé, nourris par la « mauvaise gouvernance », sont les principales causes du départ.
- Mais, la politique migratoire de l’Union européenne est aussi largement en cause.
- Le nouveau Pacte sur la migration et l’asile en discussion depuis 3 ans bloque toujours sur les résistances internes.
- Le nouveau texte prévoit un système de « solidarité obligatoire » mobilisable « sous pression migratoire ».
- La Hongrie et la Pologne l’ont qualifié, respectivement, de « viol » et de « diktat » et s’opposent particulièrement à la relocalisation des migrants.
- Les deux Etats membres demandent à ce que les prochaines décisions sur le projet soient votée à l’unanimité, plutôt qu’à la majorité qualifiée.
- Si à Budapest aucune évolution n’est à prévoir, les élections récentes en Slovaquie (victoire des populistes de gauche) et en Pologne (défaite de la droite radicale nationaliste) pourraient redistribuer les oppositions à l’idée de la répartition des migrants sur le territoire de l’UE.
- En l’état actuel du texte, les États membres bénéficient d’un choix simple :
- Soit ils acceptent les migrants selon leur population et leur PIB ;
- Soit ils négocient ou financent l’expulsion desdits migrants vers des pays tiers sûrs.
- Cette deuxième option présente le risque d’atteinte au principe de non-refoulement. Une interprétation que soutient l’Allemagne soutient.
- Le projet complet est estimé aboutir avant juin 2024.