APOCALYPSE NOW 

Le retour à une inquiétante militarisation potentielle de la course à l’espace prolonge les inquiétudes de l’Union européenne sur l’instabilité et les conflits à ses frontières. De l’Ukraine, au Proche Orient, du Caucase aux Balkans, l’UE se retrouve presque enserrée dans un anneau de feu. Alors qu’on en avait presque oublié que les affrontements meurtriers fratricides ex-yougoslaves se sont déroulés sur le territoire européen.  

  • Pour l’Union européenne l’adversaire s’appelle Vladimir Poutine, dont l’ombre plane aussi sur le conflit entre Israël et le Hamas. 

 

  • L’historien américain Timothy Snyder pointe les faiblesses dans la lecture occidentale de la Russie et de Poutine, soulignant que l’Occident en a longtemps trop minimisé le danger et les idées radicales. 
  • Dans cet entretien au Financial Times, il explique que les actions de V. Poutine ne sont pas si étonnantes et qu’elles auraient pu être prévues si une meilleure analyse de sa politique avait été faite. 
  • Sur le front ukrainien, V. Poutine est cependant en train de perdre l’avantage idéologiquement analyse Marion van Renterghem pour l’Express. 
  • Et ce, malgré une offensive ukrainienne qui n’a pas apporté les effets attendus. 
  • L’OTAN s’étend à la Suède et la Finlande. 
  • L’éloignement de l’Ukraine de l’Occident a échoué, puisque cette dernière semble plus que jamais proche de l’UE. 
  • Surtout depuis le rapport sur l’élargissement rendu par la Commission européenne (cf EIH du 13/11/2023). 
  • C’est en quelque sorte une revanche sur l’Euromaïdan, 10 ans après. 

  

  • Mais la guerre au Proche Orient pourrait offrir à Poutine une victoire indirecte, sur “l’Occident collectif” comme l’appelle la propagande du Kremlin. 
  • La multitude d’acteurs impliqués dans le conflit au Proche Orient diminue de fait l’importance et le poids de l’UE. 
  • Elle a un rôle beaucoup plus important en Ukraine. 
  • Un des objectifs de V. Poutine, soutenu par Xi Jinping, est d’œuvrer à  un nouvel ordre mondial (cf EIH du 23/10/2023), dans lequel l’influence de l’Occident serait diminuée. 
  • En prenant la défense des Palestiniens, V. Poutine reprend le flambeau anti-Occidental. 
  • En concurrence – peut-être – avec R.T. Erdogan, qui se veut leader du sunnisme mais reste le représentant de la 2e armée de l’OTAN. 
  • D’autant que l’accusation de 2 poids 2 mesures met les Européens dans une situation délicate. 
  • L’unanimité dans la condamnation des crimes la stratégie de l’armée israélienne sur la bande de Gaza, et les violations du droit international commises par Israël. 
  • Une contradiction qui nourrit le récit poutinien de la duplicité occidentale. 

  

  • Quant aux élections américaines de 2024, elles représentent un autre défi imminent pour le positionnement de l’UE 
  • Si le candidat républicain, probablement D. Trump, hostile au soutien à l’Ukraine venait à être élu, l’UE serait-elle en mesure d’assumer seule le soutien militaire et financier nécessaire à l’Ukraine, et surtout, qu’elle lui a promis ?  
  • Les réticences de la Slovaquie, en sus des oppositions de V. Orban, permettent d’en douter.  
  • L’électorat européen pourrait bien se lasser aussi et changer de préoccupations. 

  

  • La question de l’extension potentielle de la guerre au Proche-Orient reste en suspens, avec des tensions pouvant s’aggraver, écrivent pour Project Syndicate, les analystes Comfort Ero, Negar Mortazavi, Djavad Salehi-Isfahani et Sinan Ülgen. 
  • L’affrontement le plus probable semble être celui qui opposerait les Etats-Unis à l’Iran. 
  • Cependant, l’Iran – prêt à rentrer dans le club des BRICS au 1er janvier 2024 – montre peu d’appétit pour une telle escalade et préfère intervenir indirectement.  
  • En soutenant le Hezbollah par exemple. 
  • L’UE doit absolument repenser sa position face à cette expansion potentielle du conflit. 
  • Car, si les revendications du Hamas sont très claires, celles d’Israël le sont beaucoup moins, comme nous l’explique J-L Bourlanges.