Le sabotage amoureux

Le courant passe mal entre Paris et Berlin. La réforme du marché de l’électricité et surtout les arbitrages entre renouvelables et nucléaire grippent le moteur franco-allemand. Lors d’un sommet ordinaire à Hambourg, Emmanuel Macron, Olaf Scholz et leurs ministres ont tenté de parvenir à des compromis. 

  • En jeu, la rivalité industrielle et surtout le coût de l’énergie dans le contexte de sortie du gaz russe et d’explosion des prix de l’électricité.  
  • Berlin doit faire face à une remise en cause profonde et douloureuse de ses certitudes industrielles et craint la désindustrialisation. 
  • Les discussions ont porté sur la transformation industrielle et le renforcement de la souveraineté technologique de l’Europe. 
  • Avec un modèle fondé sur trois dépendances majeures, les USA pour la défense, la Russie pour le gaz à bas prix et la Chine pour la sous-traitance, la consommation et les investissements, les évolutions géopolitiques et les exigences du green deal forcent l’Allemagne à tout remettre en question. 
  • Alors que l’Allemagne a renoncé à l’énergie nucléaire, elle s’inquiète de la concurrence du nucléaire français dont les investissements productifs anciens sont aujourd’hui complètement amortis.  
  • La France demande que les subventions au développement de nouveaux actifs nucléaires par le biais de contrats publics-privés, dits « pour différence » (CfD), puissent également prévaloir pour les actifs nucléaires existants.  
  • Une réforme du marché de l’électricité conforme aux vœux français viendrait donc avantager l’industrie française au détriment de l’Allemagne – et des autres puissances industrielles européennes. 
  • Outre la récession et l’inflation record (7,9% en 2022, la plus élevée depuis la Seconde Guerre mondiale), c’est tout le modèle allemand qui est en danger, comme l’explique un expert dans cette analyse pour le Figaro.