Cette semaine aura été très marquée par les nombreux retours sur une année de guerre en Ukraine. Parmi l’avalanche d’analyses et de commentaires, émerge le bouleversement politique et stratégique dans lequel le conflit déclenché par Vladimir Poutine a plongé le monde.
- Le Green European Journal, parmi d’autres, récapitule la série d’articles de fond consacrés à la guerre pour mieux en comprendre les enjeux et les développements, du contexte historique aux conséquences environnementales et industrielles, sans oublier les bouleversements sur les autres continents.
- Une profonde « fragmentation du monde », comme le rappelle Pierre Haski dans un éditorial du 23 février, lisible dans l’émergence d’un nouveau clivage.
- Il ne s’agit plus d’une opposition Est-Ouest comme aux temps de la guerre froide, mais plutôt d’une fracture Ouest/Reste (du monde) pour reprendre le titre éloquent d’un papier des Timothy Garton Ash et Ivan Krastev pour l’ECFR.
- Cette division se reflète dans les divergences d’opinions publiques mises à jour dans une enquête globale contrastant l’unité de l’occident pour soutenir l’Ukraine alors qu’en Chine, en Inde ou en Turquie, les citoyens sont de fait plus partagés.
- Le réalignement imposé par le conflit a en outre des effets très profonds sur les équilibres internes de l’UE et à ses frontières.
- Hier « centrale », aujourd’hui « orientale », l’Europe issue de l’effondrement de l’ancien « bloc de l’Est » ainsi que les Balkans prennent une dimension stratégique sans précédent.
- La visite surprise du président américain Biden à Kiev le 20 février, suivie de sa rencontre avec le président polonais Duda le 21 février pour réaffirmer l’ambition américaine de travailler militairement avec la Pologne, en est la preuve.
- La coordination américaine de la réponse européenne – directement après le début de la guerre en Ukraine – était déjà révélatrice de cette « américanisation » continue de la stratégie européenne.
- Toutefois, les douze derniers mois montrent sans équivoque que l’influence de l’allié américain sur le continent, et en particulier en Europe de l’Est, ne cesse de croître.
- Ces visites et les contributions matérielles des États-Unis dans le conflit semblent affaiblir les appels à l’autonomie stratégique européenne promue par le président français Emmanuel Macron.
- Elles rappellent également l’importance pour les pays d’Europe occidentale de mieux prendre en compte la perspective et la coopération avec les pays d’Europe de l’Est et des Balkans occidentaux.
- Une rupture avec une forme trop souvent déguisée de négligence qu’illustre la sortie blessante et jamais digérée du président Chirac en 2003 à leur égard.
- Surtout que par ses investissements en matériel et en hommes, la Pologne est en passe de devenir une puissance militaire de premier rang au sein de l’UE et de l’OTAN
- Elles rappellent également l’importance pour les pays d’Europe occidentale de mieux prendre en compte la perspective et la coopération avec les pays d’Europe de l’Est et des Balkans occidentaux.