HIT THE ROAD

Dans Visegrad Insight, l’analyste Edit Zgut-Przybylska examine les ramifications géopolitiques des investissements chinois en Hongrie.

  • La coopération hongroise avec la Chine, à travers son plaidoyer en faveur du format de coopération 17+1 lié à l’initiative « Belt and Road » et son désaveu de l’initiative américaine « Clean Network », signale une volonté claire de la part du Premier Ministre V. Orban de substituer à son isolement diplomatique dans l’UE d’autres soutiens, comme la Chine, la Russie, l’Inde ou  la Turquie.
    • Les investissements chinois en Hongrie ont semé des tensions au sein de l’Europe.
      • La société chinoise Contemporary Amperex Technology (CATL) a annoncé qu’elle allait construire une usine de 7,6 milliards d’euros à Debrecen, suscitant la colère du gouvernement slovaque qui se croyait bénéficiaire de cet investissement.
    • Cette situation est particulièrement préoccupante à la lecture des études qui ont montré une faiblesse particulière des pays d’Europe centrale quant à leur capacité à être influencés par des acteurs extérieurs, notamment la Chine.
      • Ces investissements compromettent la stratégie et l’autonomie de l’Europe et présentent des menaces pour la défense du modèle démocratique occidental.
      • Le renforcement de ces liens légitime la croyance d’Orban dans le pouvoir des systèmes gouvernementaux illibéraux.
      • En outre, la nature de ces plans d’investissement laisse la Hongrie en position de faiblesse face à la récupération des actifs publics chinois, si elle n’est pas en mesure de rembourser ses dettes à ses investisseurs.
  • E. Zgut-Przybylska estime qu’il s’agit d’une tendance inquiétante visible dans toute l’Union européenne, comme l’illustre l’accord conclu par Olaf Scholz avec Cosco, qui présente des ramifications inquiétantes pour l’autonomie des infrastructures de transport de l’Union européenne.
    • Elle plaide ainsi pour une révision de la politique d’investissement direct à l’étranger de l’UE ancrée dans la sauvegarde de l’État de droit et de la position géopolitique de l’Union.
    • Ceci s’inscrit dans une tendance plus large qui semble signaler une potentielle démondialisation des processus économiques, une affirmation soutenue par la loi américaine sur la réduction de l’inflation qui sert à garantir les propres intérêts des États-Unis par rapport à la collaboration économique avec l’UE.
    • L’objectif de la politique commerciale européenne s’oriente de plus en plus vers l’impératif d’autonomie stratégique, malgré les récents accords orchestrés par O. Scholz et V. Orban.
      • Les révisions prévues par la Commission européenne en matière de contrôle des exportations, d’exportation de carbone et de subventions étrangères illustrent cette tendance.
      • Un rapport du sénateur André Gattolin (LREM) avait en octobre 2021 déjà détaillé les réseaux « d’influences étatiques extra-européennes dans le monde universitaire et académique français et leurs incidences ».