CIEN DIAS PARA ENAMORARNOS

Amour et désamour franco-allemand n’auront jamais été autant couverts par la presse française. Symboles d’une éternelle comparaison, compétition déterminante pour le bien-être européen, les relations franco-allemandes sont certes scrutées mais elles prennent à l’heure actuelle des airs de téléfilm.

  • Ernst Stetter, conseiller spécial du président de la Fondation Jean-Jaurès pour l’Europe, examine la récente controverse qui a suivi l’initiative menée par l’Allemagne visant à établir une alliance de défense antimissile qui exclut la France.
    • Cette initiative européenne Skyshield vise à acheter du matériel militaire aux États-Unis, ce qui a eu pour effet de tendre les relations avec la France qui aurait préféré fournir son propre matériel militaire.
    • Les réticences de la part de l’Allemagne peuvent trouver leur origine dans la mise en difficulté du président Macron et son gouvernement, sur le plan intérieur, consécutivement à une courte majorité à l’Assemblée nationale.
      • Ceci ferait planer le doute sur a marge d’action européenne du parti majoritaire étant donné la forte représentation des partis eurosceptiques.
    • Les dernières luttes diplomatiques entre Paris et Berlin ont sans doute aussi joué un rôle dans la réticence du bouclier européen à faire usage de l’initiative d’achat militaire EDIRPA de l’UE.
  • En outre, selon l’expert en cybersécurité Nicolas Arpagian, dans un entretien au Figaro, les initiatives européennes en matière de cybersécurité patinent.
    • Il souligne en particulier l’incapacité des gouvernements nationaux européens à mettre en place un véritable système souverain de cybersécurité, relégués aujourd’hui au statut de clients des fournisseurs de technologie américains.
      • Ce manque d’autonomie stratégique sur les questions de technologie et de souveraineté numérique est de plus en plus préoccupant dans un contexte où les frontières nationales ne parviennent pas à saisir la complexité des alliances géopolitiques et où les frappes militaires commencent à se faire par des moyens numériques plutôt que par l’infanterie.
    • Il insiste enfin sur le fait que « La France et l’Allemagne sont réticentes à mutualiser leur expertise, l’Agence nationale de sécurité a fait en sorte de conserver son leadership. Des coopérations sont possibles comme le partage d’informations, mais nous ne sommes pas dans une logique de mutualisation. »
  • Une réconciliation sur l’oreiller semble cependant envisageable.
    • François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France et Joachim Nagel, président de la Bundesbank ont appelé à la création de l’union des marchés de capitaux en Europe.
    • Selon eux, les crises diplomatiques actuelles risquent de nuire aux investissements en faveur de causes qui font cruellement défaut en Europe, à savoir la transition écologique et numérique, ainsi que la revitalisation des petites et moyennes entreprises.
      • Il faut bien admettre que le levier financier, sur la scène géopolitique, n’est pas négligeable. L’initiative est loin d’être vaine même si les deux premiers points peuvent inquiéter.