GNÉ

Malgré les injonctions à réduire la consommation pour réduire l’empreinte carbone du continent, le temps de la sobriété semble encore lointain. L’urgence semble d’abord pour les États membres de maintenir les niveaux d’approvisionnement énergétique. Dans cette perspective, au-delà des querelles au sein de l’Union européenne sur la distribution du GNL, le marché du GNL sur la scène mondiale est devenu très tendu.

  • E. Macron a cependant déclaré qu’il n’y a pas de preuve que le projet doive être relancé car les pipelines existants entre les deux pays ne fonctionnent qu’à 53% de leur capacité – les analyses des experts appuient la déclaration du président français, affirmant que le projet lancé il y a 22 ans a depuis perdu beaucoup de son avantage stratégique.
  • O. Scholz a fait part de son mécontentement face à la réticence française à relancer le projet qui pourrait à terme bénéficier à l’Europe continentale (donc l’Allemagne). Des discussions étroites auraient eu lieu avec le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez.
    • L’Espagne et l’Allemagne ont également déclaré leur intérêt pour un projet alternatif de gazoduc si le MidCat franco-espagnol échoue – un pipeline sous-méditerranéen reliant l’Espagne à l’Italie.
    • La pression allemande sur le projet semble également indiquer une fois de plus le besoin pressant de l’Allemagne de disposer de sources d’importation de gaz variées suite à la coupure du gaz par la Russie – une situation similaire peut être mise en évidence dans les pays d’Europe de l’Est qui sont enclavés et incapables d’accoster les méthaniers transportant le GNL.

La Commission européenne n’est pas convaincue par le projet et refuse actuellement d’en assurer le financement.

    • Tim McPhie, porte-parole énergie de la Commission affirme que le projet ne peut plus être considéré comme un projet d’intérêt commun (PCI) européen, d’autant plus que le transport de l’hydrogène devient une priorité dans le cadre de la transition verte du continent.
    • Dans ce contexte, les autorités espagnoles suggèrent que le projet MidCat serve de canal de transport pour l’hydrogène – conformément au “plan RePowerEU » selon Arturo Gonzalo Aizpiri, PDG de Enagas.
  • Cette ressource pourrait jouer un rôle dans le besoin de plus en plus discuté de solidarité européenne sur le marché de l’énergie (cf. EIH stratégie énergétique européenne).
  • La France se prépare à livrer du GNL à l’Allemagne, qui n’a pas de terminaux d’importation.
  • Les experts craignent toutefois que ce transfert vers le GNL, bien que coûteux en raison de la concurrence et des monopoles de revente, ne permette pas de compenser le manque d’approvisionnement en énergie pour l’hiver.
  • Priorité affichée de la présidence tchèque du Conseil de l’UE, la sécurité énergétique (qui inclut le nucléaire dont Prague est un fervent défenseur) repose aussi sur l’augmentation de la part de renouvelables. Au parlement européen, où les ambitions du green deal sont souvent supérieures aux objectifs des Etats membres, on est bien décidé à accélérer le processus, comme le souligne le projet de rapport de Markus Pieper (DE-PPE).
  • Professeur à Sciences Po et expert en énergie, Thierry Bros explique que « si l’Europe a pu reconstituer ses stocks de gaz aussi vite, c’est grâce au GNL qu’elle a détourné de l’Asie, et ce, en le payant au prix fort, quitte à provoquer des  » black-out  » dans d’autres pays, comme l’Inde et le Pakistan « .
  • La Chine est actuellement le principal importateur de GNL et, par conséquent, son principal revendeur sur le marché – au premier trimestre 2022, Pékin revend à l’UE 4 millions de tonnes de GNL qu’elle avait initialement acheté en Amérique et en Afrique.
  • L’Afrique devient de plus en plus intéressante en termes de capacité d’exportation de GNL mais, une fois encore, les clients asiatiques ont assuré leur position sur ce marché par des contrats d’importation à long terme.
    • La dépendance au GNL pourrait donc représenter un nouveau pas en arrière dans la transition écologique.
    • Sa logistique de transport et sa reliquéfication le rendent beaucoup plus exigeant – entre 1,5 et 4 fois plus d’émissions que le gaz ordinaire par gazoduc.