POLE POSITION

Prix Nobel alternatif”, l’activiste et universitaire Walden Bello rappelle que ces extrémismes constituent la nouvelle normalité et il faut bien admettre que l’UE se démarque essentiellement par sa mesure et ses mises en œuvre particulièrement longues. Alors que le sommet de l’OCS cherche à unir les intérêts géopolitiques eurasiens, l’Occident au risque de donner raison à ses adversaires cherche à préserver un ordre mondial qu’il domine, contre les révisionnistes. Après la prise de conscience « crise pandémique », en septembre 2021 l’annonce de l’AUKUS avait provoqué une rupture diplomatique entre l’Australie et la France au sujet d’un contrat de sous-marins signé en 2016, soulevant des questions sur le rôle de la France dans l’indo-pacifique, une région de plus en plus stratégique, donnant ainsi le départ d’une course pour laquelle les Européens partent en queue de course.

  • Cependant, les intentions de la France de promouvoir une « troisième voie » dans l’Indo-Pacifique restent floues en raison du manque de moyens militaires et de l’éloignement géographique de la région.
  • On peut plutôt considérer que la France joue un rôle complémentaire à celui des États-Unis en termes de connectivité numérique, de protection des fonds marins et de l’environnement et de sécurité maritime dans le cadre d’une stratégie européenne plus large dans la région, mais il est peu probable que les États-Unis la perçoivent autrement que comme une puissance secondaire dans la gestion géopolitique de cette région.
  • Si la France souhaite changer cette situation, un déploiement plus important de personnel militaire et de capitaux s’avère nécessaire.
  • Cela justifie toutefois que Paris réexamine sa position en cas de confrontation potentielle entre la Chine et les États-Unis au sujet de Taïwan, étant donné la réticence antérieure de la France à s’engager sans réserve dans la politique diplomatique anti-chinoise des États-Unis.
  • Dans un long post LinkedIn, le commissaire au marché intérieur Thierry Breton présente certains plans de la Commission européenne pour assurer la souveraineté de l’Europe en termes économiques et militaires. Si l’on peut saluer l’initiative, la question de la capacité et des délais se pose de plus en plus gravement.
  • L’idée principale est de garantir de l’intégrité du marché unique en collectivisant les investissements tout en maintenant des conditions de concurrence équitables entre les États membres qui ne disposent pas de la même marge de manœuvre budgétaire, afin de contribuer à la réduction des risques liés aux investissements dans les technologies et les capacités de production industrielle futures. Cela se manifeste par :
    • Des plans post-Ukraine pour revitaliser l’industrie de la défense accompagnés d’un budget accru pour la procédure commune de passation de marchés en juillet afin de renforcer les capacités industrielles de défense européennes.
    • Budget du CFP de l’UE – infrastructures, technologies avancées, sites de production manufacturière en Europe, prises de participation pour les entreprises, notamment les nombreuses PME qui sont au cœur de notre souveraineté.
    • Fonds de souveraineté de l’UE – soutien budgétaire direct, rapide et flexible à des projets bien identifiés présentant un intérêt pour la souveraineté de l’UE dans tout secteur de notre spectre industriel
      • Un texte sur les puces de l’UE : soutenir la recherche et l’innovation et la production en coordonnant les investissements des États membres pour s’assurer que la production de technologies de pointe a lieu en Europe.
      • Une nouvelle génération de capacités en nuage et en périphérie pour réduire les dépendances et un cyber-bouclier pour l’Europe.
    • Une réforme de la chaîne d’approvisionnement, nécessaire pour assurer la double transition vers l’économie verte et numérique.
      • Hydrogène et neutralité climatique en 2050 – investissement dans la transformation du bouquet énergétique (sur une base de solidarité en ce qui concerne les différences d’infrastructure).