C- RELEASE

Quand la liberté de la presse se heurte aux impératifs de la défense et de la sécurité, difficile de faire la part des choses. La pression exercée sur les journalistes pour qu’ils révèlent leurs sources est particulièrement nette, en ce moment, en Pologne (cf. EIH) ou en France. Certes pour des raisons différentes mais toujours dans une optique de sens à donner à l’Etat de droit. C’est ainsi que des journalistes du consortium Disclose ont publié des documents classés “confidentiel-défense” sur l’opération Sirli, une opération de Direction du Renseignement militaire initiée par le Président François Hollande et le ministre Jean-Yves Le Drian.

  • Les documents mettraient en exergue que les informations recueillies par les forces françaises et transmises aux autorités égyptiennes ont été détournées de leur objectif initial et utilisées à d’autres fins que celle de la lutte contre le terrorisme.

  • Dans son émission sur les médias, Sonia Deviller de FranceInter pose aux journalistes Ariane Lavrilleux et Jean-Pierre Canet la question brûlante : “La presse peut-elle briser le secret-défense au nom du droit à l’information ?”
  • Si en effet le secret-défense est vital aux intérêts nationaux et à la stratégie militaire, dans ce cas précis, la publication peut aussi être justifiée par le fait que les autorités françaises auraient été alertées et n’auraient rien envisagé pour revoir ce partenariat franco- égyptien.
  • Dès lors, ces documents peuvent être considérés d’intérêt public.

  • Les journalistes considèrent que “le secret défense est une énorme bannière qui permet de dissimuler tout un tas d’infractions aux engagements européens, internationaux”.
    • Ils estiment que la France a un système particulièrement opaque en ce qui concerne tout ce qui touche tout au secteur militaire puisqu’ il n’existe pas d’instance qui définisse ce qui est classé “secret- défense” ou pas.
    • Pour les reporters concernés, diffuser des informations classées “secret-défense”, doit être considéré comme étant en lien avec le statut des lanceurs d’alerte – question au sein de l’actualité nationale et européenne.
  • Selon le collectif « Secret-défense : un enjeu démocratique » engagé pour que lumière soit faite sur la mort suspecte de Robert Boulin en 1979, l’assassinat du juge Bertrand Borrel en 1995 à Djibouti, la mort de deux journalistes français à Kidal (Mali) en 2013, le génocide des Tutsis au Rwanda en 2014 ou encore la mort de cinq marins dans le naufrage du Bugaled Breizh en 2004, milite pour une évolution de la loi.
  • Selon Bertrand Warusfel, dans Ouest France, professeur de droit et avocat, le secret défense est tout à fait légitime. « Mais il est maintenu de manière abusive. Cela bloque l’action de la justice, empêche les victimes de savoir et, au final, nourrit la suspicion. L’administration n’a peut-être rien à cacher, mais par principe, ne veut pas montrer. Cela entretient les fantasmes et le complotisme ».