La guerre en Ukraine a placé Xi Jinping dans une position inconfortable. Si elle se traduit par un affaiblissement de Moscou, la Chine se retrouverait au centre des attentions occidentales, alors qu’elle envisage actuellement une annexion rapide de Taïwan.
Cependant, Beijing ne peut pas se permettre de soutenir excessivement l’invasion de l’Ukraine par la Russie, sous peine de nuire à ses relations commerciales avec les Occidentaux, ce qui affaiblirait à son économie nationale déjà fragilisée.
En outre, une défaite de la Russie et le départ de V. Poutine nuiraient à l’alliance sino-russe, qui dépend fortement des relations interpersonnelles les deux actuels chefs d’Etat.
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- Une défection de Moscou favoriserait le scénario d’encerclement que craint la Chine.
- Brian Hart, membre du China Power Project au Center for Strategic and International studies, explique que « la Chine est prête à apporter un soutien tacite à la Russie sur le plan politique, diplomatique et, dans une certaine mesure, économique, mais qu’elle ne va pas s’écarter de son chemin et compromettre ses autres objectifs stratégiques pour soutenir la Russie ».
- Alors que les pays d’Asie centrale, comme le Kazakhstan, continuent d’envoyer de l’aide humanitaire à l’Ukraine et perçoivent l’invasion actuelle de la Russie comme une répétition historique de l’occupation soviétique qui pourrait à nouveau avoir lieu en Asie centrale, la Chine doit trouver un équilibre prudent entre le soutien à la Russie dans sa lutte contre l’Occident et l’apaisement des pays d’Asie centrale qui représentent un territoire mûr pour les investissements chinois.
- La Chine a déclaré soutenir le Kazakhstan dans le maintien de son indépendance nationale et de sa souveraineté
- Dans son analyse du 19 septembre, Wolfgang Munchau revient sur les impératifs géostratégiques de la Chine.
- La guerre de Poutine n’est pas du tout dans l’intérêt de la Chine dont le plus grand objectif est de réduire sa dépendance à l’égard de l’Occident.
- A ce titre, elle cherche à éviter la confrontation avec les États-Unis, car elle doit d’abord réinvestir sa richesse nationale hors du trésor américain avant de pouvoir s’en prendre à Taïwan.
- La Chine, qui ambitionne de devenir une superpuissance globale, ne peut actuellement prendre le risque d’absorber les excédents russes sanctionnés car elle dépend trop de ses exportations vers les États-Unis et d’autres pays dont les flux de paiement passent par les États-Unis – son soutien à la Russie se matérialise donc discrètement par l’exportation de biens à double usage.
- De même, les questions des ambivalences du chancelier allemand Olaf Scholz peuvent être soulevées étant donné sa récente communication avec V. Poutine, offrant potentiellement des concessions à propos des sanctions en échange d’une reprise des livraisons de gaz – ceci est intéressant pour la Russie qui se débat avec l’incompatibilité de faire la guerre et de gérer les excédents de la balance courante.
Les développements sont encore incertains- le déroulement de la réunion de l’OCS montre une coalition de nations ayant des objectifs différents et des tensions internes – cela n’empêche toutefois pas la possibilité d’une évolution continue vers un bloc commercial indépendant de l’Occident, entre la Chine, l’Inde, la Russie et certaines parties de l’Afrique.
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- Ce qui annoncerait un basculement de l’ordre mondial.
- On notera d’ailleurs, avec l’analyse de Jean François Bayart, comment la Russie orchestre une campagne en faveur des « révolutions conservatrices » à travers l’Afrique afin d’enrôler un continent en pleine rébellion contre l’hégémonie occidentale en générale, et française en particulier.