Dans un post de blog, Josep Borrell a dû revenir sur son usage d’une métaphore malheureuse. Son discours au Collège d’Europe de Bruges le 13 octobre, devant la première promotion de l’Académie diplomatique de l’UE, avait suscité beaucoup de réactions contrastées, mais surtout négatives, voire d’accusation d’impérialisme, voire de racisme.
- Dans une analyse qui rappelait les discours néoconservateurs et virilistes de Robert Kagan à l’époque de G.W. Bush, qui prétendait que les Européens vivaient à l’abri d’un monde fantaisiste de paix perpétuelle garanti par l’exercice du pouvoir américain (voir son livre Of Paradise and Power, 2004), le chef de la diplomatie européenne appelait « les jardiniers européens à aller dans la jungle du monde » – voir la traduction commentée du discours par Le Grand Continent.
- Cette maladresse d’expression s’inscrit dans la continuité de son discours du 10 octobre devant les Ambassadeurs de l’UE et de ses interventions récentes.
- Lucide, il rappelle que l’Europe a bâti sa prospérité sur l’énergie fossile russe bon marché et les opportunités commerciales avec la Chine, et qu’il est urgent d’en revoir le modèle.
- En substance, le discours livre une analyse froide et réaliste des rapports de force globaux, de la Russie révisionniste et agressive à la concurrence stratégique chinoise et appelle l’UE à renforcer la défense de ses intérêts et surtout de ses principes.
- Célébrant l’héritage et la figure de Gorbatchev pour mieux contraster avec l’actuel président russe, J. Borrell considère qu’il est impossible de concevoir une nouvelle « architecture de paix » en Europe tant que celui-ci est au pouvoir.
- En attendant, la Communauté politique européenne doit être réalisée sans Poutine, car il est nécessaire de réformer l’ordre européen.