De Lisbonne à Varsovie, en passant par Bucarest, le dimanche 19 mai 2025 a vu la victoire, ou tout au moins l’avance dans le cas polonais, des forces politiques pro européennes face aux candidats et partis de droite radicale ou extrême. Comme le rappelle Euractiv, derrière le soulagement palpable à Bruxelles et dans les principaux Etats membres, la dynamique de l’extrême droite populiste est réelle et ne faiblit pas.
- La tripartition des paysages électoraux européens entre 3 polarités antagonistes fabrique de l’instabilité.
- Immédiatement comme en France ou aux Pays-Bas, ou à terme comme en Allemagne où les coalitions centristes renforcent l’opposition radicale (EIH 17/2/25).
- En Pologne, dirigée par une coalition centriste menée par D. Tusk, la droite nationale du PiS a réussi à combler son retard et à se qualifier pour le second tour de l’élection présidentielle.
- Si le candidat pro-européen R. Trzaskowksi, maire de Varsovie, est arrivé en tête deux points seulement le distancent de son concurrent ultraconservateur et pro-Trump.
- Ce dernier pourrait bénéficier au second tour de l’important réservoir de voix à l’extrême droite : avec des scores non négligeables : 14,8 % pour Sławomir Mentzen, de Confédération, et 6,3 % des voix pour l’eurodéputé antisémite et traditionaliste Grzegorz Braun.
- Amélie Poinssot pour Médiapart en analyse la dynamique avant le dénouement prévu le 1er juin 2025, qui se jouera certainement à droite, donc.
- Au Portugal, le parti d’extrême-droite Chega qui avait déjà secoué les élections l’année dernière (EIH 17/3/24) franchit cette fois la barre des 20% et talonne les socialistes, arrivés deuxièmes.
- Le gouvernement dispose donc d’un mandat renouvelé et plus important que la dernière fois, ce qui l’aide dans les négociations pour construire une majorité, mais avec qui ?
- La seule option qui s’offre à l’Alliance démocratique est donc un accord avec les socialistes ou avec l’extrême droite… Comme à Berlin au printemps 2025.
- André Ventura, le leader de Chega, prétend avoir brisé la domination bipartisane. De fait, il aura plus de pouvoir pour dicter ses conditions dans le cadre d’un accord. Ou si l’AD devait s’allier aux socialistes mais que les deux parties gaspillent leur capital politique l’une avec l’autre, c’est son parti qui en bénéficiera.
- Comme le soulignait Pierre Haski, à propos de la Roumanie, ces élections dépassent le seul cadre national.
- Le Grand Continent fait le portrait du maire de Bucarest, qui a gagné le deuxième tour crucial d’une élection roumaine à rebondissements.
- Ce qui semble avoir aidé Nicusor Dan, c’est une augmentation de la participation, probablement pour faire barrage à George Simion.
- Le taux de participation au second tour a été de 65 % (53% au 1er tour), soit le taux le plus élevé pour une élection présidentielle roumaine depuis le premier tour de l’élection de 2000.
- N. Dan a ainsi augmenté son nombre de voix bien plus que G. Simion selon une équation devenue classique dans le reste de l’UE face à l’insurrection populiste et à ses soutiens extérieurs, comme l’analyse le Washington post.
- De fait, c’est un Risk géant qui continue de se dérouler sur le théâtre de la démocratie roumaine.
- Appliquant le manuel de la contestation populiste, le candidat d’extrême-droite défait par le candidat centriste lors du 2e tour de l’élection présidentielle dimanche dernier (EIH 19/5/24) refuse la légitimité du résultat.
- Il renverse les accusations d’ingérence, en désignant entre autres la France, consécutivement à une opération de désinformation classique, comme le rappelle le spécialiste en la matière David Colon, menée par le fondateur de telegram Pavel Durov. (V. EIH 2.09.24).
- Mais surtout, sa campagne inonde les réseaux sociaux d’appels à l’insurrection le 26 mai, jour où le nouveau président Nicusor Dan doit prêter serment devant le Parlement, sur le modèle américain du 6 janvier 2021 (V. EIH 17.01.2021).