Nul autre théâtre international ne démontre aussi crûment les limites de l’influence globale de l’UE que le Moyen Orient. Au lendemain de l’attaque terroriste du Hamas sur Israël, le 7 octobre 2023, les Européens s’étaient déjà montrés incapables d’une approche commune (cf. EIH 15/10/23) et relativement impuissants (cf. EIH 3/12/23). Un an après, l’escalade militaire menée par le gouvernement israélien de B. Netanyahu sur l’ensemble des fronts, et en particulier au Liban, le Proche-Orient connaît une instabilité croissante.
- Dans cette région littéralement de son voisinage, l’UE semble totalement incapable de s’imposer pour enrayer la spirale de violence.
- Chypre n’est qu’à 260km du Liban.
- Face au risque de guerre régionale, l’UE se contente d’avertissements.
- Une impuissance partagée avec l’ONU, également affaibli, incapable d’imposer une désescalade qui pourrait permettre une solution politique vers la paix.
- La doctrine “jusqu’à la victoire” défendue par le gouvernement israélien s’est affranchie des formes du droit international et des avertissements de la CIJ (cf. EIH 5/11/23).
- Pierre Haski revient d’ailleurs dans sa chronique du 14/10 sur le conflit entre Israël et l’ONU au sud-Liban.
- L’impuissance générale se caractérise à plusieurs niveaux :
- La division des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU – et tout particulièrement les intérêts stratégiques des Etats-Unis au Proche-Orient – emportent comme conséquence de ne pas avoir adopté de position commune.
- À cela s’ajoutent les limites de la FINUL incapable de faire respecter l’intégrité des frontières entre le Liban et Israël et de faire appliquer la résolution 1701 du conseil de sécurité des Nations unies.
- Mais alors que les Européens restent unis depuis le 24/2/22 dans leur soutien à l’Ukraine, et ce malgré les tiraillements internes, ils semblent incapables de surmonter leurs divisions au sujet du Proche-Orient.
- Si la condamnation du Hamas et le soutien à Israël font l’unanimité, deux camps semblent cependant diviser les Etats membres :
- ceux qui mettent d’abord en avant le droit d’Israël à se défendre
- et ceux qui mettent en priorité le respect du droit international.
- L’UE se retrouve donc dans la position inconfortable d’une lecture conditionnelle du droit international.
- Par exemple, elle condamne la colonisation des territoires en Cisjordanie sans pour autant renier son soutien au gouvernement israélien.
- Reste encore à savoir si la mort du chef du Hamas, Yahya Sinwar, pourrait aussi marquer un tournant dans ce conflit.
- La sphère médiatique internationale reste mitigée sur les répercussions que cela pourrait avoir sur l’évolution de ce conflit, comme l’indique Courrier international.
- Si Netanyahu y voit “le début de la fin”, il est aussi probable que les négociations deviennent encore plus difficiles à engager en fonction du successeur de Sinwar.
- De plus, l’axe principal du conflit s’est déplacé vers le Liban et pourrait atteindre l’Iran, ce qui a relégué Gaza au second plan dans cette zone de conflit.