TRIBUTE TO DIE PRINZEN

L’UE est un ordre juridique supranational et ses textes sont issus de procédures. Or, dans chaque institution, se jouent des jeux d’acteurs et les textes sont le fruit de ces rapports de force. Et parfois même, les dynamiques sont d’abord celles d’une querelle interne à une coalition gouvernementale.

 

  • C’est ce qui semble s’être passé autour du psychodrame, comme le nomme Le Monde,  politique sur le vote du Conseil en faveur de l’interdiction des véhicules à moteurs thermiques en 2035.
    • Le chancelier Olaf Scholz a remis en cause le compromis européen sur l’abandon du moteur thermique et provoqué une vague de colère chez ses partenaires de coalition gouvernementale.
      • C’est donc très probablement pour des raisons politiques internes qu’il affiche cette décision : Le Point en a fait une recension.
    • Au-delà des jeux d’influence assez classiques, ce qui est problématique au regard des ambitions environnementales européennes, c’est que les ambitions du Green Deal européens cèdent aux demandes de l’Allemagne concernant la protection spéciale de ses intérêts industriels.
      • La Commission européenne a accepté de céder sur les carburants électroniques et a promis de les faire passer malgré ses propres réserves.
        • Porsche pourra continuer à construire des voitures à carburant, à condition qu’elles soient alimentées par des carburants électriques verts.
      • La Commission admet que ces moteurs pourront utiliser du dioxyde de carbone capturé lors de processus industriels, et de l’hydrogène produit à partir de sources d’énergie renouvelables.
        • Cette utilisation très coûteuse et s’accompagne en outre d’une promesse du ministre FDP (libéraux) Christian Lindner, ami personnel d’Oliver Blume, le PDG de Porsche, d’exonérer les e-carburants de taxes.
        • Ferrari et d’autres constructeurs italiens de voitures de luxe en bénéficieront également, ce qui explique le soutien de l’Italie à la démarche allemande.

 

  • Comme le font remarquer certains commentateurs, cela montre jusqu’où un pays comme l’Allemagne peut aller pour sauvegarder des industries non viables ou contraire à l’intérêt européen.
    • Rappelant la défense bec et ongle du choix de Nord Stream 2 et de l’importance du gaz russe, ces observateurs estiment que l’Allemagne s’enfonce dans « le déni sur l’avenir de l’automobile, et des transports en général ».
      • Au fond, l’idée qu’un grand État membre puisse rouvrir des accords existants pour des considérations de politique intérieure a sûrement été accueillie avec beaucoup d’intérêt par certains de ses partenaires, comme Viktor Orbán.
      • Les motivations écologistes si ardemment invoquées à propos du nucléaire semblent être de moindre importance dans ce cadre.
      • Un levier de négociation pour les défenseurs du nucléaire se trouve probablement là.