Un autre théâtre pour la tragédie migratoire se trouve sur les îles Canaries. Cette fois, la dissonance entre valeurs démocratiques, droit maritime et tensions liées à l’accueil des migrants se joue dans un pays gouverné par la gauche, ancien pays d’émigration traditionnelle, mais dont la générosité n’avait pas vraiment connu de remise en question ces dernières années.
- Dans la nuit du vendredi 20 octobre 2023, près de 1.427 migrants d’Afrique subsaharienne ont débarqué dans les Îles Canaries, à l’issue d’un voyage sur une des « routes migratoires les plus dangereuses au monde », dans des conditions de transport précaires et insalubres.
- Une simple pirogue en bois transportant 321 personnes est arrivée sur l’île El Hierro. La plus petite de l’archipel, avec la mer à flanc de montagne. Donc sans plage.
- Ce genre d’embarcation sert habituellement pour la pêche côtière.
- Le voyage coûte entre 3.000 et 4.000 euros.
- Dans un rapport de 2022, l’organisation Caminando Fronteras affirmait que plus de 11.200 migrants sont décédés ou ont disparus depuis 2018 en essayant de rejoindre l’Espagne.
- Le 3 octobre 2023, une première vague de migrants débarquait sur les Canaries juste au moment du Sommet européen de Grenade, où figurait à l’ordre du jour la question migratoire.
- L’archipel aurait, selon le ministère de l’Intérieur espagnol, reçu près de 80% plus de migrants, entre le 1e janvier et le 15 octobre2023 que l’année dernière à la même période.
- Des chiffres comparables à ceux de Lampedusa en septembre (cf. EIH 20/10/23) qui soulignent un regain des départs, comme le souligne Le Point.
- Ce regain migratoire découle des tensions accrues et du contexte politique et social conflictuel au Sahel (Cf. EIH 27/08/23).
- Cependant, ces migrants sont majoritairement sénégalais, un pays considéré comme sûr par l’UE, dans lequel les rapatriements forcés fonctionnent pourtant mal. Soulignant les apories de la politique migratoire européenne.
- La saturation des structures d’accueil des Iles aggrave encore les traumatismes d’une traversée périlleuse.
- Les centres d’accueil de l’Île de Tenerife sont « pleins à craquer » décrit RFI.
- Le passage par les Canaries constituerait une alternative pour les migrants confrontés ou craignant le durcissement des contrôles opérés dans la Méditerranée.