Cette fois le centre n’a pas tenu. Après des estimations au coude à coude qui donnaient d’abord le candidat libéral pro-UE Rafal Trzaskowski en tête dans la soirée à l’élection présidentielle, c’est le candidat Karol Nawrocki, conservateur et nationaliste, soutenu par Trump et par le PiS, qui l’a finalement emporté, de justesse, avec un peu moins de 51% des voix.
- Au niveau national, c’est le maintien d’une cohabitation, difficile, entre la coalition très large du Premier Ministre Tusk et l’opposition de droite radicale, comme depuis 2023.
- D’ailleurs les réformistes et les observateurs comme l’ancienne députée (NL-Renew) Sophie Int’Veld, s’inquiètent de l’impossibilité de continuer le rétablissement de l’état de droit après les 8 ans de pouvoir du PiS.
- Sonné par le résultat, D. Tusk demandera la confiance des députés au Sejm le 11 juin prochain.
- Comme le souligne Amélie Poinssot dans Médiapart, le résultat montre surtout une société profondément divisée.
- L’écart n’a jamais été aussi serré pour une élection présidentielle en Pologne depuis 1990.
- À peine 1,8 % des votes séparent les deux candidats.
- Soit moins de 370 000 voix à l’échelle d’un pays qui a compté dimanche 20,8 millions d’électeurs.
- Cette nouvelle confrontation entre le centre libéral et la droite nationale reste, dans une large mesure, une opposition entre villes et communautés rurales.
- Si le maire de Varsovie, R. Trzaskowski, a remporté une large victoire dans les villes polonaises, il n’a obtenu que 36,1 % des voix dans les campagnes.
- Comme l’écrit Christina Naszkowska dans une excellente analyse publiée dans Wyborcza, le journal libéral polonais, l’équipe de Trzaskowski n’avait aucune idée de la manière d’atteindre les électeurs ruraux.
- C. Naszkowska souligne que le centre en Pologne échoue constamment à proposer un plan de développement rural ou des politiques sociales destinées aux populations rurales.
- C’est ainsi que les conservateurs ont remporté la victoire grâce à une campagne profondément eurosceptique, qui a joué sur les craintes liées aux immigrants ukrainiens.
- Face à cela, R. Trzaskowski n’avait rien à offrir à des agriculteurs qui voulaient surtout des prêts bon marché pour investir et avoir accès à des terres appartenant à l’État et être mieux protégés contre les exportations de céréales en provenance d’Ukraine (EIH 2/6/25), source de colère et de manifestations depuis l’hiver 2023 .