5 ans après la tragédie qui voyait les Britanniques quitter dans l’émotion le navire européen pour mener leur vie seuls « au grand large », et des années de relations tendues avec les gouvernements tories empêtrés dans les conséquences contradictoires de leur Brexit (EIH 21/12/21, EIH 25/6/23, EIH 15/7/24), les liens entre l’UE et le Royaume-Uni se sont enfin rétablis sur de nouvelles bases.
- Une analyse du Guardian le rappelle avec des chiffres significatifs: depuis le référendum de 2016 et la sortie officielle de l’UE en 2020, l’économie britannique souffre toujours.
- Les échanges de biens avec l’Union ont chuté de 18 % par rapport à 2019, tandis que les exportations de services ont mieux résisté.
- Les investissements des entreprises sont bloqués, étant inférieurs jusqu’à 13 % par rapport à un scénario remain, entraînant une perte de production estimée à 5–6 % du PIB.
- D’ailleurs, l’opinion publique se retourne contre le Brexit :
- 55 % des Britanniques regrettent le vote, et seulement 30 % pensent qu’il était une bonne décision.
- Le PIB national est évalué à 5–6 % en-dessous de ce qu’il aurait dû être sans Brexit.
- Lors du sommet Starmer‑UE, on estime que le « reset » des relations pourrait améliorer le PIB de 0,3 à 0,7 %.
- Cela reste toutefois insuffisant pour combler l’écart à long terme.
- La pression des tarifs trumpiens n’y est pas pour rien non plus, et les observateurs avisés comme Wolfgang Münchau mettent en garde contre l’idée que l’accord commercial USA–Royaume‑Unis signé en juin pourrait sauver le Royaume‑Uni.
- Les États-Unis sont un concurrent géopolitique, et certainement pas un allié commercial.
- Face aux tarifs américains élevés, l’Europe, plus dépendante du commerce extérieur, est plus vulnérable que les États-Unis.
- W. Munchau plaide pour une coopération renforcée entre UE, Royaume-Uni et pays comme Canada afin de coordonner une politique macroéconomique stimulante et protéger leurs économies.
- L’UE doit adopter une diplomatie indépendante, sans s’aligner sur Washington ou Pékin.
- Le Royaume‑Uni, quant à lui, gagnerait à viser une autonomie stratégique plutôt qu’un simple rapprochement US.
- Au mois de mai 2025 justement, un accord a été conclu entre Londres et Bruxelles juste avant le premier sommet post-Brexit à Lancaster House, relançant les relations bilatérales.
- Une « nouvelle ère » saluée par le PM Keir Starmer, Ursula von der Leyen et Antonio Costa,
- avec un accord qualifié de « gagnant-gagnant » visant à relancer leur relation et resserrer leurs liens en particulier dans la défense.
- Le Premier ministre britannique cherche un rapprochement économique avec l’UE,
- tout en excluant un retour dans le marché unique.
- Un pacte de sécurité et de défense a été signé, ouvrant la voie à une éventuelle participation britannique au fonds européen SAFE.
- Des désaccords persistent sur la mobilité des jeunes, la pêche et les normes sanitaires.
- Le contexte politique intérieur britannique, notamment la pression de Reform UK, le parti de Nigel Farage artisan du Brexit, freine certaines avancées.
- Les négociations continueront pour affiner cette « relation spéciale ».