Le plus difficile pour les observateurs extérieurs, et même pour ses propres soutiens comme l’a expérimenté son propre secrétaire au commerce en pleine audition au Sénat le 9 avril, est de suivre et d’évaluer la rationalité des décisions du président américain. Plus que l’Ukraine encore, les retournements successifs sur le commerce et les droits de douane (tariffs) illustrent cette confusion, sur laquelle CNN tente de faire le point.
- Toutefois, cette décision n’affecte que “les tarifs douaniers réciproques”, et seulement la partie au-delà des premiers 10 %.
- Ainsi, rien ne change pour le Royaume-Uni, par exemple, et pour l’UE, les droits de douane passeront temporairement de 20 % à 10 %.
- Les 25 % sur les voitures seront cependant maintenus, de même sur l’acier et l’aluminium.
- Sur les produits pharmaceutiques ces nouveaux droits commencent à porter leurs fruits :
- l‘industrie pharmaceutique pourrait être touchée par la volonté de l’administration Trump de renforcer la production intérieure.
- Cette dernière importe actuellement plus de 200 milliards de médicaments sur son territoire.
- Ces industries pourraient céder à la pression et investir dans la production sur le territoire américain afin d’éviter à leur tour des frais de douanes.
- La question se pose donc: Trump a-t-il vraiment cédé ? Quel est l’objectif réel? Les déséquilibres commerciaux? La Chine comme le pensent certains analystes à Eurointelligence?
- Avec un peu de recul, on sait que c’est sur les marchés obligataires devenus dysfonctionnels que s’est noué le problème :
- les investisseurs ayant subi de lourdes pertes à la suite de l’effondrement des marchés boursiers ont dû liquider leurs positions en vendant des obligations.
- Le marché du Trésor américain est le marché financier le plus important au monde.
- Les rendements obligataires se sont orientés à la baisse en prévision d’une récession induite par les droits de douane.
- Derrière se jouerait donc autre chose: la domination du dollar sur l’espace économique mondial, par exemple.
- Une contestation commencée autour des tentatives des BRICS (EIH 2/9/23).
- Dans une conversation avec Shahin Vallée pour Le Grand Continent, l’économiste Barry Eichengreen analyse les défis posés à l’hégémonie du dollar, notamment à cause des politiques économiques de Trump.
- Il évoque l’impossibilité de remplacer le dollar par l’euro ou le yuan à court terme.
- La guerre commerciale avec la Chine pourrait aussi nuire à la monnaie américaine, et les efforts pour intégrer des crypto-monnaies comme monnaie de réserve risquent de causer des déséquilibres économiques mondiaux.
- L’euro pourrait prendre de l’ampleur à long terme, mais cela nécessiterait des réformes structurelles profondes. On y reviendra sûrement.