DIABOLO 

En délicatesse avec ses partenaires depuis quelques semaines pour des histoires de corruption (cf. EIH 5/2/24) puis de déclarations intempestives (cf. EIH 12/5/24), l’AfD, parti d’extrême droite allemande a rendu un fier service au RN dans sa quête de respectabilité. A l’initiative du parti français, suivi aussi par les Tchèques, le groupe Identité et Démocratie du Parlement européen a exclu l’AfD après que son principal candidat, Maximilian Krah a tenté de disculper les SS dans une interview. Marine Le Pen avait prévu depuis un certain temps de se séparer de l’AfD, mais cette interview stupide l’a déclenchée prématurément. Même la Lega dont la communication flirte régulièrement avec les mêmes limites a estimé que “cette fois les Allemands exagèrent”. 

  • La grande tendance qui se dessine est donc un réalignement plus global de l’extrême droite et la droite radicale.  
  • Le succès de Giorgia Meloni inspire les autres leaders de la droite, en particulier Marine Le Pen – ou Geert Wilders, dont le parti PVV arrivé en tête des élections en novembre 2023 (cf. EIH 3/12/23), semble désormais en capacité de former un gouvernement aux Pays Bas.  
  • Ces leaders ont compris qu’ils devaient s’engager de manière constructive au sein de l’UE pour arriver à quelque chose, même s’il ne s’agit en rien d’un alignement. 
  • Ainsi, le parti agraire populiste BBB qui participe à la coalition de Geert Wilders relancera la question de la directive sur les nitrates et ce gouvernement devrait apporter bien des difficultés sur les dossiers clés à venir (réformes économiques, soutien à l’Ukraine, Green Deal etc.)  
  • Le modèle Giorgia Meloni n’est pas d’essayer de détruire l’UE de l’intérieur, comme elle l’a prétendu à un moment donné.  
  • Elle a découvert qu’elle avait beaucoup plus à gagner en agissant au niveau européen.  
  • Comme Marine Le Pen adopte elle-même des positions plus modérées, on pourrait assister à une coopération beaucoup plus étroite entre les deux groupes de droite – ID et les Conservateurs et Réformistes européens, le groupe dirigé par G. Meloni.  

 

  • L’exclusion de l’AfD affaiblit le groupe ID (surtout au vu des 16 députés potentiels d’extrême droite allemands) ce qui profite au groupe Renew (où siègent les députés de la majorité présidentielle). 
  • Il pourrait rester le troisième groupe.  
  • Cependant, ce groupe a ses propres problèmes, car il envisage de se séparer du VVD néerlandais et de Liberalerna suédois qui sont en coalition de gouvernement avec des partis nationalistes.  
  • Le graphique ci-dessous fait le point en fonction des dynamiques nationales et européennes et des nouveaux partis (en particulier le Bewegung Sarah Wagenknecht de la gauche radicale allemande, qui refuse de s’aligner sur l’actuel groupe “La Gauche” où siègent les élus LFI) et envisage de créer son propre groupe