PEPOUZE 

Partir vainqueur dans une course au vote, n’est jamais une bonne idée, même quand la réponse favorable relève du bon sens. C’est la triste leçon irlandaise du 8 mars 2024.  

  • Le texte, en vigueur depuis 1937, époque marquée par une certaine vision du catholicisme rigoureux, définit la famille sous le seul prisme du mariage. 
  • Les femmes sont, elles, présentées comme chargées de prendre soin de leur foyer. 
  • L’idée du nouveau texte soumis à référendum était d’inclure également les «relations durables» at ne plus se limiter au mariage et d’imputer à tous les membres d’une famille la responsabilité de prendre soin les uns des autres.  
  • Donc en cette date symbolique du 8 mars, 74% des électeurs irlandais pensent que non, il ne faut pas changer ce texte. Une femme est d’abord et avant tout en charge des membres de sa famille. 
  • Pour Dad, Grandad et Junior, cela reste accessoire et constitutionnellement admis. 
  • Le rejet de telles modifications étonne à plusieurs titres. 
  • La République d’Irlande se vante d’être l’un des premiers pays européens à avoir reconnu le droit de vote aux femmes, en 1922. 
  • Elle semblait être sortie du carcan strict catholique en votant largement en faveur de la légalisation de l’IVG. 
  • N’oublions pas que les Irlandaises disposaient déjà du droit de vote permis par le Royaume-Uni. 
  • La République indépendante étend ce droit aux femmes dès 21 ans – et non plus 30. 
  • L’objectif était d’abord de conforter auprès de la moitié de sa population cette indépendance obtenue du Royaume-Uni. 
  • Le référendum de 2018 emportant légalisation de l’IVG en République d’Irlande avait été accueilli comme une bonne surprise, mais il convient de se rappeler que les promoteurs des droits reproductifs et sexuels des femmes étaient particulièrement mobilisés. 
  • D’abord parce que le débat sur l’avortement était régulièrement ravivé à cause de décès dramatiques de femmes. Décès directement lié à cette interdiction d’avorter. 
  • Marqués par le Brexit, les Irlandais majoritairement progressistes s’étaient déplacés en masse. 
  • La campagne du non s’est concentrée sur un rejet du gouvernement de coalition, renforcée par les révoltés du complot féministo-woke” 
  • Le résultat annoncé comme favorable à la modification n’a pas emporté de mobilisation en faveur du oui.  
  • En d’autres termes, la mobilisation a été très nette du côté des critiques du texte et du gouvernement.  
  • Elle a été très faible du côté de ceux qui pensent que oui, c’est évident que tous les membres d’une famille prennent soin les uns des autres.  

Cet incident, loin de se limiter à un raté du Premier ministre L. Varadkar, nous donne offre une sérieuse leçon il ne faut jamais partir vainqueur d’un scrutin sans une campagne digne de ce nom. Comme l’explique cette étude de Stefanie Buzmaniuk pour la Fondation Robert Schuman, l’abstention porte forcément préjudice aux Européennes.