Alors que la géopolitique, la géologie et la lutte contre le changement climatique ont conjointement rendue obsolète l’ère des énergies faciles, abondantes à faible coût, l’hydrogène fait miroiter la perspective d’une nouvelle ère énergétique. Malheureusement, les investissements pour rendre l’hydrogène économiquement viable doivent être conséquents.
- Les Traités européens imposent un cadre strict concernant les aides d’État, restreignant ces pratiques contraires au principe de libre concurrence.
- Face à cela, l’IRA et les GAFAM américain, les pratiques chinoises nourrissent le débat européen sur les moyens d’une politique industrielle ambitieuse – surtout à l’aune des objectifs de la transition énergétique (cf. EIH 29/10/23 et 21/1/24).
- Pragmatique, l’Union européenne a cependant intégré une clause dans les traités, pour offrir la possibilité aux États membres d’accorder des aides dans le cadre d’importants projets d’intérêt européen commun (IPCEI).
- C’est dans ce dispositif que la France engage sa “coalition nucléaire” pour financer conjointement la relance des programmes nucléaires et les fameux “Small Modular Reactors” sur lesquels l’industrie compte.
- C’est aussi dans ce cadre légal que la Commission a approuvé, le 15 février 2024, le versement de 6.9 milliards d’aide d’Etats par sept Etats membres, (France, Allemagne, Italie, Pays-bas, Pologne, Portugal et Slovaquie).
- Ces aides ont pour objectif de financer le projet « IPCEI Hy2Infra » qui veut stimuler l’approvisionnement en hydrogène renouvelable,
- “réduisant ainsi la dépendance au gaz naturel et contribuant à la réalisation des objectifs du Green Deal européen et du plan REPowerEU”.
- Ces raisons justifient les aides d’Etat en l’ocurrence.
- Dans le cadre de cet IPCEI, 32 entreprises actives dans un ou plusieurs États membres, y compris des petites et moyennes entreprises (PME), participeront à 33 projets.
- Le projet comprend le déploiement de 3,2 GW d’électrolyseurs à grande échelle pour produire de l’hydrogène renouvelable ; et de nouvelles conduites de transport et de distribution d’hydrogène.
- Il ambitionne aussi le développement d’installations de stockage d’hydrogène à grande échelle d’une capacité d’au moins 370 GWh, et la construction de terminaux de traitement et d’infrastructures portuaires.
- En termes d’agenda, divers electrolyseurs à grande échelle devront être déjà opérationnels entre 2026 et 2028, les pipelines entre 2027 et 2029 et enfin, l’achèvement global des projets est prévu pour 2029.
- L’IPCEI Hy2Infra vient compléter les deux premiers IPCEI sur la chaîne de valeur de l’hydrogène :
- le « Hy2Tech », approuvé par la Commission le 15 juillet 2022, qui se concentre sur le développement de technologies de l’hydrogène pour les utilisateurs finaux ;
- et l’IPCEI « Hy2Use », approuvé le 21 septembre 2022, qui se concentre sur les applications de l’hydrogène dans le secteur industriel.