PiS TACHE

Le retour au pouvoir du PiS en 2015 n’a cessé de cliver la société polonaise eu égard aux visions antagonistes en ce qui concerne une certaine vision de la vie privée et du modèle d’institutions publiques. Ce clivage n’a fait que de s’accentuer ces 8 dernières années.  

  • La popularité toujours valable du PiS tient tant aux valeurs nationalistes et catholiques qu’il véhicule qu’à la bonne conjoncture économique, découlant des fonds européens et des dépenses sociales croissantes.  
  • Nativiste mais sociale, la mesure « 500+ », nommée en référence aux 500 zlotys (112€ environ) que touche chaque famille par enfant par mois et aujourd’hui augmentée à 800 zlotys (180€ environ), a été particulièrement populaire, notamment dans les zones rurales.  
  • La société polonaise est polarisée entre de grandes villes tenues par l’opposition libérale et des zones rurales et villes moyennes à dominante conservatrice.  
  • La trace de l’ancien découpage de la Pologne entre les empires est également visible. 
  • L’âge est un autre critère de polarisation : le PiS ne gagne que dans le groupe des électeurs de plus de 50 ans et n’arrive qu’en 5ème position chez les 18-29 ans, dont la participation a été d’un taux record (70% contre 46% en 2019).  
  • Bien que le PiS demeure une puissance politique, sa part de l’électorat est plutôt vouée à diminuer qu’à augmenter, au vu du soutien asymétrique qu’il reçoit, surtout si les jeunes maintiennent le même niveau de mobilisation que lors de cette élection.  
  • Les mesures du PiS en matière institutionnelle et juridictionnelle ont si fortement clivé le paysage politique qu’une coalition entre le PiS et un autre parti, pourtant possible en théorie avec les résultats du parti, était devenue inenvisageable 
  • Cependant, plusieurs freins existent pour que l’opposition mène une vague de réformes drastiques.  
  • D’une part, elle ne présente pas un nombre suffisant de députés pour contrer d’éventuels vetos du président de la République Andrzej Duda, affilié au PiS.  
  • D’autre part, l’influence du PiS risque d’être encore palpable pendant de nombreuses années, comme au Tribunal constitutionnel, dont de nombreux juges ont été récemment nommés par le parti. 
  • La victoire de la coalition de centre-droit pro-européenne constitue un tournant certain pour la Pologne et l’Europe mais reste à nuancer 
  • Depuis 2015, le PiS a miné l’indépendance de la justice, réduit la liberté de la presse, clivé en s’en prenant aux droits reproductifs et sexuels, aux personnes LGBTI, aux migrants, déclenchant des procédures d’infraction en cascade par la Commission européenne.  
  • L’euroscepticisme virulent du parti est allé jusqu’à s’incarner dans l’affirmation de la prééminence du droit national sur le droit communautaire le 7 octobre 2021, ce qui a bloqué les fonds du plan de relance polonais.  
  • Avec ses 38 millions d’habitants, sa forte croissance économique et son budget de défense élevé à 4% du PIB, la Pologne pourrait endosser un rôle majeur dans l’UE. 
  • L’expérience de Donald Tusk au sein des institutions européennes pourrait se révéler très utile dans cette optique.  
  • Le retour de la Pologne dans le giron d’une des grandes familles politiques européennes est une bonne nouvelle pour le PPE (centre-droit) qui regagne de l’influence dans un des 5 grands pays. 
  • C’est aussi une bonne nouvelle pour Varsovie qui sera certainement beaucoup plus écoutée qu’à l’époque où elle disposait seulement de son pouvoir de nuisance. 
  • Cette analyse de Chatham House rappelle que l’UE pourrait à partir de maintenant avoir à compter avec une Pologne plus assertive. 
  • Quel que soit la coalition gouvernementale à sa tête, la Pologne pourrait provoquer des tensions sur certains sujets au sein de l’UE. 
  • On pense en particulier à la candidature de l’Ukraine, vue comme un potentiel rival pour les fonds européens dévolus aux agriculteurs et à la politique de cohésion.