Parmi les conséquences de l’agression russe sur l’Ukraine en 2022, la question de l’élargissement de l’Union européenne est redevenue centrale dans le débat européen, assortie d’une forme d’urgence géopolitique pour l’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie, ex-Républiques soviétiques. Après une longue pause pour cause de « fatigue de l’élargissement », analysée en détail par la Fondation Jean Jaurès en 2019, les Européens cherchent la bonne formule pour accueillir des pays dont le poids, le développement et la géographie représentent des problèmes économiques, géopolitiques et diplomatiques majeurs.
- Avec la Communauté Politique Européenne, le président français a proposé en 2022 à l’Union un espace pour envisager ces questions. Après des réunions hautement symboliques à Prague puis Chisinau, celle de Grenade sous présidence espagnole marque un peu le pas.
- Les nombreux avocats d’un élargissement à l’Ukraine donnent de la voix, comme ce plaidoyer d’Alexandre Adam, ancien conseiller pour l’Europe d’Emmanuel Macron.
- A la fin de l’année, les dirigeants européens devront se prononcer sur l’ouverture des négociations d’adhésion de l’Ukraine et de la Moldavie.
- Favorablement, probablement, mais, comme le rappelle cet article de Spiegel, il n’y aura pas de passe-droit dans un processus complexe et délicat.
- En effet, pour que l’élargissement se fasse dans les meilleures conditions, il faut s’interroger sur la manière d’élargir et potentiellement réformer l’UE, comme le suggèrent les auteurs du rapport franco-allemand sur l’avenir de l’UE.
- Dans leur rapport “Appareiller pour la haute mer”, ceux-ci proposent de changer les processus de décision, avant tout l’élargissement, et d’évoluer vers une Europe à quatre niveaux.
- Prudent, le Commissaire européen à l’élargissement, Olivér Várhelyi affirme qu’un élargissement de l’UE en 2030 est envisageable et réalisable, mais nécessitera des efforts.
- L’élargissement potentiel de 8 à 9 nouveaux pays rappelle le “big bang” de 2004, et l’heure est au bilan afin d’apprendre des erreurs passées, suggère l’ancien président de la Commission J.C. Juncker.
- Une analyse d’Agenda Publica insiste sur le fait que l’UE a trop souvent dû réagir dans l’urgence, face à tout type de crises.
- La réforme institutionnelle préalable est indispensable.
- Néanmoins, pour l’historien hongrois Ivan Berend, ne pas reproduire les erreurs de 2004 signifie tout simplement ne pas se précipiter et ne pas élargir davantage l’UE.
- Il livre son analyse dans un entretien pour le Grand Continent, affirmant qu’un élargissement prévu pour 2030 serait une énorme erreur, considérant que l’Union européenne n’est pas assez préparée à un tel changement.
- L’élargissement prend aussi des dimensions nationales, liées aux préférences géopolitiques des Etats membres.
- L’Autriche a ainsi réaffirmé son soutien aux Balkans occidentaux, pour une intégration progressive mais réelle.
- Elle propose de collaborer avec des membres de ces pays sur plusieurs domaines (énergies, transport, Frontex…).