ZERO SUM GAME 

À qui profitent les sanctions sur le pétrole russe ? Wolfgang Munchau et les analystes de Eurointelligence proposent un bilan provisoire de cette “expérience de politique étrangère significative” lancée par l’UE et le G7 dans le contexte de la guerre en Ukraine.  

  • Ces mesures visaient à réduire les achats de pétrole de l’UE à la Russie, deuxième exportateur mondial de pétrole, et à imposer une limite de prix sur le pétrole, tant brut que raffiné.  
    • Dans l’ensemble, les sanctions ont eu effectivement un certain succès à court terme, ce qui s’est traduit par une baisse des prix du pétrole russe par rapport aux prix de référence mondiaux et par une diminution substantielle des recettes pétrolières de la Russie.  
    • Toutefois, les exportations de pétrole russe sont restées stables. 
      • En effet, les exportations de brut dépassent les niveaux des deux années précédentes ; 
      • et les exportations de produits raffinés se sont également maintenues, malgré des problèmes logistiques.  
    • Toutefois, la capacité de l’Inde à importer davantage de pétrole de Russie est limitée par des facteurs pratiques et géopolitiques.  
      • L’Inde bénéficie de prix nettement plus bas pour le brut russe que pour le pétrole saoudien.  
    • Les perdants de ce scénario sont les autres membres de l’OPEP+ et, en particulier, l’Arabie saoudite.  
      • La récente décision de l’Arabie saoudite de détourner davantage d’exportations de pétrole vers l’Asie peut être considérée comme une tentative de reconquête des clients asiatiques qui ont désormais accès au pétrole russe moins cher.  
      • Ce résultat pourrait avoir des conséquences inattendues pour l’Occident, surtout si les monarchies du Golfe qui dépendent du pétrole, en particulier l’Arabie saoudite, sont confrontées à des pénuries de revenus qui entravent leurs efforts de diversification économique. 
  • L’embargo emporte d’importantes implications géopolitiques à long terme, divisant effectivement le marché mondial du pétrole. 
    • L’impact de ces sanctions sur la capacité de la Russie à faire la guerre, notamment en Ukraine, reste préoccupant.  
    • Les restrictions à l’importation se sont avérées plus difficiles à appliquer en raison des intermédiaires illicites sur le marché gris, et elles jouent un rôle plus important dans ce contexte que les restrictions à l’exportation.  
      • On note, par exemple, une explosion du commerce extérieur des pays de la zone d’influence russe, comme le note une analyse détaillée de la Banque de reconstruction et développement (BERD).  
      • Dans tous les cas, l’issue de la guerre en Ukraine sera d’abord déterminée sur le champ de bataille mais les soutiens et positions peuvent être conséquents aux prix du pétrole.