SEMAPHORE

Vote lourd de conséquences : la proposition de règlement, considérée par le Parti populaire européen (PPE) comme un symbole des excès perçus du Green Deal, a été rejeté par la commission de l’environnement le 27 juin 2023.

  • Le vote a été divisé de manière égale, avec 44 voix pour et 44 voix contre, n’atteignant pas la majorité absolue requise pour l’approbation.
    • En rupture avec ses positions initiales à la sortie du texte, le PPE s’est aligné sur les partis de la droite dure et de l’extrême droite, soutenu par quatre membres libéraux.
    • Des accusations de manipulation des résultats ont été échangées entre Pascal Canfin (Renew), le président de la commission, et Manfred Weber, le président du groupe PPE.
  • Outre les avis négatifs des commissions de l’environnement, de l’agriculture et de la pêche, le règlement sur la restauration de la nature, proposé par la Commission en juin 2022, fera l’objet d’un examen plus approfondi lors de la session plénière prévue pour la semaine du 10 juillet.
    • Les partisans du règlement gardent l’espoir de son adoption, en misant sur le soutien des députés du PPE en rupture avec la ligne dure de leur président.
    • Un vote de rejet serait un revers important pour le Green Deal, en particulier à l’approche des prochaines élections européennes, dans moins d’un an.
  • La loi sur la restauration de la nature, une composante du Green Deal de l’UE, établit des objectifs obligatoires pour la réhabilitation des habitats et des espèces dans diverses catégories telles que les terres agricoles, les pollinisateurs, les rivières et les écosystèmes marins.
    • L’objectif initial était de restaurer 20 % des zones terrestres et marines de l’UE d’ici à 2030.
      • Il a ensuite été porté à 30 %, conformément à l’accord sur la biodiversité conclu dans le cadre de la Cop15.
    • Le texte s’est heurté à l’opposition des agriculteurs, des pêcheurs et des forestiers qui le considèrent comme mal conçu, irréaliste et potentiellement dévastateur.
      • Weber a capitalisé sur cette opposition pour mener la campagne de son groupe PPE.
  • Le succès ou l’échec de règlement en session plénière pourrait déterminer l’attrait de la stratégie de M.Weber parmi les démocrates-chrétiens à la recherche d’un espace politique conservateur distinct de l’extrême droite.
    • Opportunisme électoral ou radicalisation antiécologique, cette opposition du PPE soulève des questions fondamentales sur le rôle des démocrates-chrétiens dans les politiques européennes à venir, selon certains observateurs.
      • Le texte ait été approuvée par les États membres, y compris par de nombreux gouvernements de centre-droit.
      • Mais l’émergence des agriculteurs en tant que force politique, en particulier aux Pays-Bas, a incité M. Weber à adopter une approche plus populiste en vue des élections de l’année prochaine.
    • Les divisions internes au sein des chrétiens-démocrates sont également évidentes, les partis conservateurs en Europe n’ayant pas encore déterminé leur position sur la politique verte.
      • En Allemagne, le leader CDU de l’opposition Friedrich Merz s’est positionné contre les Verts, attribuant la montée de l’AFD d’extrême droite au mécontentement des électeurs face aux coûts de la transition verte.
      • D’ailleurs, la première victoire électorale de l’AfD dans un scrutin majoritaire a valeur d’alerte pour les conservateurs.