Il n’y a pas que la crise de l’accueil des migrants pour mettre à l’épreuve la résilience morale des Européens et la capacité de l’UE à être à la hauteur de ses valeurs fondatrices. La guerre en Ukraine est aussi un front intérieur.
- A la fois territorial et idéologique, comme le rappelle encore cette analyse récente, l’agression de V. Poutine est un défi à ce que l’Europe prétend être.
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- Avec le soutien à l’Ukraine, l’UE défend l’intégrité territoriale d’un Etat du partenariat oriental et une certaine idée de la légalité internationale.
- Elle défend aussi ses « valeurs européennes » et paradoxalement les piliers de son projet politique, dont la paix sur le continent a toujours été le premier.
- On constate une certaine confusion : le débat sur les « valeurs européennes » est souvent affecté par la confusion entre les dimensions légales et politiques d’une part, et sociales d’autre part.
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- En Europe centrale, notamment en Pologne, la guerre russe en Ukraine est perçue comme une simple confrontation entre “dictature et démocratie”.
- Toutefois, la capacité à jouer un rôle géopolitique ne peut être dissociée de l’unité de la communauté de droit qu’est l’Union européenne et de la cohésion autour des principes politiques et juridiques sur lesquels elle est fondée.
- La tension entre la défense des « valeurs » démocratiques à l’étranger et la tentation illibérale au sein de nombreux pays européens, tant à l’Est qu’à l’Ouest, doit être remise en question.
- C’est ce que soulignent les discours d’Orban, surtout depuis 2015 et l’affirmation d’une pratique antilibérale de la démocratie.
- De plus, l’utilisation paradoxale des « valeurs européennes » peut également être observée dans les domaines culturel et social.
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- Les tendances actuelles du souverainisme national attaquent non seulement les principes du libéralisme politique, mais aussi les valeurs sociales du libéralisme culturel, accusées d’être la cause de la disparition des valeurs traditionnelles et de l’identité nationale.
- Ce discours conservateur, voire réactionnaire, trouve parfois un écho important dans les discours des gouvernements d’Europe centrale et orientale, notamment en Hongrie et en Pologne, mais aussi en Italie.
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- Ce qu’illustre bien le discours du Premier Ministre Morawiecki.
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- Bien que la forme et la rhétorique soient souvent différentes, ces remarques peuvent présenter une sorte de convergence idéologique avec celles du président russe, qui dénonce l’UE comme un cheval de Troie d’une modernité antireligieuse véhiculant des valeurs et des choix sociaux présentés comme une source de décadence et de destruction éventuelle de ce qui devrait être la « véritable » identité européenne.
- Les « valeurs européennes » dont il est question sont en réalité les « principes » politiques et juridiques issus du libéralisme politique, développés tout au long de l’histoire européenne et affirmés depuis les Lumières.
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- Les droits fondamentaux interprétés de façon à traduire une vision exigeante de l’État de droit, tant en ce qui concerne les individualités que les groupes.
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- C’est là la « valeur » fondatrice de l’Europe : l’Union a d’abord assuré la paix et ancré la démocratie libérale avant de renforcer sa puissance.
- La seconde partie du raisonnement ne devant pas être remise en question parce qu’un Etat tiers a décidé de remettre en cause la paix sur le continent.
- En Ukraine et autour, comme sur les rives de la Méditerranée, c’est sa raison d’être joue l’Union.
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