TUNAGATE

Ce qui devrait être une question environnementale devient un problème d’État de droit : comment faire respecter l’intérêt général quand les organismes de régulation sont soumis aux conflits d’intérêts ?

  • Selon une enquête du Guardian, plus de la moitié de la délégation de l’UE à un organisme de régulation des stocks de thon est en fait composée de lobbyistes de l’industrie de la pêche.

  • L’Europe est ainsi directement responsable de la surpêche dans l’océan Indien, menaçant tout particulièrement les stocks de thon à nageoires jaunes et les économies locales.
    • Ceci expliquerait les récentes objections de l’UE à un accord conclu en février dernier par les pays côtiers d’Afrique et d’Asie pour limiter les dispositifs de concentration de poissons (DCP) nuisibles à la conservation des stocks.
      • Les DCP sont de grands radeaux flottants qui attirent les poissons.
      • Ils contribuent à la surpêche de l’albacore, car ils attirent les juvéniles.
      • Ils attirent aussi les tortues, les requins et les mammifères menacés d’extinction.
  • Cet accord, célébré par les ONG environnementales, et obtenu en dépit des oppositions de l’UE, plus grand pêcheur de thon tropical de la région, était proposé par l’Indonésie et dix autres États côtiers.
    • Il vise à interdire pendant 72 jours les DCP utilisés par les senneurs à senne coulissante.

  • Retranchée derrière une exigence d’études scientifiques, l’UE et ses affiliés (les Seychelles, dont 13 thoniers appartenant à l’UE battent le pavillon, les Comores, Oman, le Kenya et les Philippines) se sont opposés à cet accord.
    • L’article du Guardian et les enquêtes de l’ONG Bloom rappellent l’influence des lobbyistes de l’industrie française et espagnole qui ont pesé pour renverser cette décision.
      • Face à cette incohérence flagrante eu égard aux ambitions environnementales et de développement de l’UE, on parle déjà d’un TunaGate.