PIROUETTE CACAHUÈTE

Alors que la question énergétique exige une nouvelle approche géopolitique de l’Europe, la nouvelle « Communauté politique européenne » (CPE) redessine les liens stratégiques entre l’UE et ses voisins.

  • Une note du Centre for European Reform se demande d’ailleurs si cette CPE pourrait réarrimer le Royaume-Uni à l’Europe, en particulier grâce aux questions militaires.
    • Le potentiel de la CPE réside dans le fait qu’elle constitue une plateforme de dialogue et qu’elle favorise le resserrement des liens entre le Royaume-Uni et l’UE.
      • Elle aiderait à rétablir la confiance, en promouvant un dialogue plus étroit et en s’attaquant à des défis communs, au-delà des questions propres à l’UE.
    • La CPE prévoit d’organiser trois sommets supplémentaires mais sa capacité à rapprocher l’UE et le Royaume-Uni reste à prouver.
      • Son succès, y compris sa capacité à faciliter la coopération entre le Royaume-Uni et l’UE, pourrait être limité par le fait que les institutions de l’UE y sont étroitement impliquées.
      • Ceci pourrait dissuader l’actuel gouvernement britannique.
    • La CPE pourrait devenir un forum de coopération plus efficace en devenant un « incubateur » de projets concrets, gérés par les États participants.
      • Non gérés la CPE elle-même, étant donné la diversité des intérêts des membres de cette communauté.
      • On se détacherait donc du système particulièrement intégré d’un ordre juridique supranational dans des ordres juridiques nationaux.
      • La CPE pourrait donc toujours être utile à l’UE et au Royaume-Uni pour discuter des défis communs avec un groupe plus large de pays européens.
      • En d’autres termes, un plan de secours pour maintenir les liens politiques et le dialogue si les relations se détériorent.
    • Pour être efficace en tant que forum de coopération, la CPE doit rester un forum inclusif, informel et institutionnellement léger, dans lequel tous ses membres se réunissent sur un pied d’égalité.

  • En plus de renouer avec le Royaume-Uni, la CPE présente un certain potentiel à l’Est, rendu encore plus évident par le fait que sa deuxième réunion a eu lieu en Moldavie.
    • Ceci met en évidence l’impact plus large de l’influence russe, au-delà de l’Ukraine.
    • Le cas de la Moldavie montre clairement que les objectifs de Moscou s’étendent géographiquement, étant donné la vulnérabilité de l’ex État soviétique à diverses formes de guerre hybride
    • La réaffirmation du soutien de l’UE à la Moldavie, directement par le biais de la CPE, pourrait illustrer l’efficacité de la politique étrangère européenne dans son voisinage oriental.
  • La CPE permet également de réaligner les priorités concernant les tensions dans le voisinage oriental, notamment en ce qui concerne l’Arménie-Azerbaïdjan et la Géorgie.
    • Les tentatives de l’UE pour établir un dialogue crédible entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ont été entravées par des différends historiques que la Russie a exploités, tout au long de la période post-soviétique.
    • Le lancement de la mission civile de l’UE, fin février, n’a pas permis de dissuader les actions militaires menées par l’Azerbaïdjan.
    • Entre-temps, la montée des tendances autoritaires en Géorgie devient de plus en plus évidente, et le parti au pouvoir a tenté de faire passer des lois restrictives visant la société civile et les médias.
      • C’est la mobilisation de cette société civile qui a mis en échec le gouvernement.
      • C’est cette société civile et son désir d’Europe qu’il faut prendre en compte, comme nous y appelons dans une tribune à l’occasion de la rapide visite de la Ministre des Affaires étrangères françaises à Tbilissi, avant de rejoindre Bakou.
    • En effet, la CPE n’est qu’un forum de chefs d’État et de gouvernement qui ne laisse pas place à la société civile organisée ni aux ONG.
      • Or, ce sont d’abord les citoyens et leurs aspirations à appartenir à cette « communauté » qui permettront de parler d’une communauté politique européenne.