MADAME LA CPE

La réunion à Prague le jeudi 6 octobre des 44 dirigeants du continent (17 pays invités en plus des 27 États membres) pour la mise en œuvre de la Communauté Politique Européenne  a permis d’aboutir à un accord entre les représentants présents : se revoir, la prochaine réunion est prévue, au printemps 2023, en Moldavie.

  • Néanmoins, outre le retour de la Grande Bretagne dans le concert européen, le sommet de la CPE aura été un succès sur le plan de la communication et de la mise en scène de l’unité européenne, puisqu’il a permis de réaffirmer le soutien à l’Ukraine et une coopération contre la menace russe.  Pour autant les contours, les objectifs et la structure de la CPE restent encore à définir.
  •  Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell a parlé de comment  » construire une nouvelle structure de sécurité en Europe « .
  • Entre représentants des États candidats et ceux se déclarant opposés à Bruxelles, la fonction de cette CPE paraît ambivalente : antichambre, complément ou substitut à l’adhésion.
  • Si un rapprochement semble s’être produit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie à la suite de ce sommet – avec la promesse de l’UE d’envoyer une « mission civile » en Arménie pour aider à la délimitation des frontières nationales et relancer le processus de normalisation entre les deux pays – on pourrait presque y voir une émule de la défunte Société des Nations.
  • Méfiante à l’égard des initiatives européenne, la Première ministre britannique a par ailleurs exigé qu’aucun drapeau de l’UE ne soit présent lors de la première réunion.
    • Il s’agit là d’une illustration des efforts du gouvernement britannique et des députés tories pro-Brexit qui cherchent à éviter toute image qui pourrait suggérer que le Royaume-Uni renoue avec les institutions de l’UE.

Dans son  discours à la conférence annuelle des ambassadeurs de l’UE 2022, Josep Borrell est revenu sur les grands défis qui se présentent à l’UE.

  • Les sujets de mobilisation et d’inquiétudes ne manquent pas :
    • revitalisation du multilatéralisme, sécurité intérieure et internationale, guerre en Ukraine ;
    • désinformation, ingérence étrangère dans le processus politique européen ;
    • crise énergétique et climatique ;
    • révolution numérique, Global Gateaway, genre et diversité.

  • La plus grande crise énergétique depuis 1972 force l’UE à découpler sa prospérité de l’énergie abondante et bon marché en provenance de Russie, se double d’une méfiance à l’égard de la Chine qui incite à découpler la prospérité aussi des facilités de l’atelier chinois.

  • Enfin, il est urgent de découpler la sécurité de l’UE de la protection par les Etats-Unis.
  • J. Borrell insiste aussi sur l’émergence d’un monde multipolaire où la Turquie, l’Afrique du Sud, le Mexique, l’Indonésie jouent un rôle d’importance croissante.
    • Avec la militarisation des crises et des réponses non-coopératives, se met en place une lutte mondiale pour certains domaines stratégiques, comme le cyberespace ou l’espace.
    • J. Borrell souligne que l’Europe pense trop en interne, tout en voulant exporter son modèle elle a négligé les autres et s’est laissé enfermer dans des logiques néocoloniales.
    • L’Europe doit ainsi se battre dans la communication, pas avec des armes : la Russie et la Chine ont compris l’importance de cette bataille des récits.
      • Dans sa rivalité avec le système chinois, il faut que l’UE clarifie les liens entre la liberté politique et une vie meilleure.
      • Le combat européen consiste à expliquer que la démocratie, les libertés, la liberté politique ne peuvent pas être sacrifiées sur l’autel de la prospérité économique ou d’une certaine idée de la cohésion sociale.