TROMPER MILLE PERSONNES

La géopolitique ne se construit pas que dans les rapports de force, elle s’ancre aussi dans les représentations du monde et de l’Histoire qu’entretiennent les différents acteurs. Aux prises avec leur passé, les nations d’Europe centrale et orientale et des Balkans se retrouvent confrontées à la tentation de se construire contre la représentation libérale qui les avait jusqu’ici animées et de plus en plus tentées par des alliances géostratégiques illibérales.

  • La chercheure en philosophie politique Katarina Kolozova examine les façons dont les débats sur l’identité en Macédoine du Nord pèsent sur les perspectives démocratiques de ce pays.
  • La Macédoine du Nord continue de refuser la « proposition française » établie pour résoudre les différends entre la Macédoine du Nord et la Bulgarie, qui ont conduit cette dernière à mettre son veto au processus d’adhésion de la Macédoine du Nord à l’UE.
  • K. Kolozova affirme que ce discours qui exclut toute intégration supplémentaire à l’UE, dans le contexte actuel d’impossibilité de non-alignement sur la scène mondiale, pourrait potentiellement se matérialiser par un alignement eurasien avec la Russie et la Chine comme alternative.
    • Elle appelle donc à une réflexion plus critique sur l’adoption actuelle d’un discours nationaliste en Macédoine du Nord, en soulignant la nécessité d’un compromis et d’une coopération : un rapprochement culturel est nécessaire entre la Macédoine du Nord et la Bulgarie.
    • À cet égard, l’initiative « Open Balkans », zone politique et économique informelle établie par la Serbie, la Macédoine du Nord et l’Albanie, ersatz d’UE avec son propre « mini-Schengen », pourrait selon elle être utile ici si elle s’ouvre à ses voisins de l’UE : la Bulgarie, la Grèce et la Croatie.
    • Cependant, il convient de souligner que cette opinion apparaît isolée, car l’initiative semble plutôt mal reçue par ailleurs.
  • Cheval de Troie russe dans l’UE, la Hongrie est une pièce maîtresse du jeu géopolitique de Moscou rappelle William Nattrass, pour Politico. Cependant, il serait réducteur de qualifier la politique étrangère d’Orban de « pro-russe », car elle pourrait plutôt découler d’une attitude négative à l’égard de l’Ukraine.
  • La Hongrie entretient un modèle économique ambivalent et est donc réticente aux sanctions énergétiques – une  » économie de transit «  selon Orban, qui a besoin d’investissements de l’Est et de l’Ouest.
  • La coopération énergétique germano-russe est considérée comme fondamentale pour la sécurité nationale hongroise.
  • Au-delà des arguments économiques, les mœurs traditionnelles de la Russie trouvent un écho en Hongrie : « Après 12 ans de pression de la part de l’UE et de l’Occident », [de nombreux Hongrois tombent dans le piège de penser que « si l’Occident est « mauvais », il doit y avoir une certaine « vérité » dans ce que fait la Russie », explique Attila Demkó, directeur du Centre de géopolitique du Mathias Corvinus Collegium de Budapest.
    • On retrouve la même logique avec l’absence de soutien clair de l’UE à l’égard de l’EuroPride de Belgrade de ce samedi 17 septembre 2022 : si Bruxelles ne soutient pas, c’est qu’elle n’y est pas vraiment favorable.