INEGALIM

Jennifer Kwao dans le Green European Journal examine la crise humanitaire subie par les pays en voie de développement en matière de sécurité alimentaire, aggravée par la crise géopolitique sur le continent européen que constitue la guerre en Ukraine.

  • La Russie est l’un des principaux exportateurs mondiaux de blé, d’orge, de tournesol et de maïs, ainsi que d’engrais mais elle a désormais interrompu une grande partie de ses exportations. En outre, les attaques russes contre les infrastructures de livraison (en particulier la mer Noire) ont ramené les exportations mensuelles de céréales de l’Ukraine de 20 millions de tonnes à 4,5.
  • Les partenaires capables de compenser l’absence d’exportation sont dissuadés de combler les lacunes en raison des coûts à l’export.
  • Cette situation affecte le consommateur dans le monde entier – en moyenne, les prix des produits alimentaires de base tels que la viande, le sucre, les céréales et les produits laitiers sont les plus élevés depuis 1961.
    • Des pays en viennent à interrompre leurs exportations par crainte de pénuries alimentaires nationales, comme c’est le cas en Inde, en Algérie et en Turquie.
    • L’impact le plus important sur les pays en voie de développement et sur les populations les plus vulnérables de ces pays.
    • En guise d’illustration on relèvera que c’est là que la proportion du salaire consacrée à l’alimentation est la plus élevée, il n’existe aucune aide au revenu, qu’on enregistre une augmentation de 50 % du prix des pâtes et du pain au Nigeria.
    • Sans parler des dépendances internationales, comme par exemple, le fait que 100 % du blé consommé au Bénin provient de Russie.

  • Alors que le World Food Programme est incapable d’intervenir car il achète 50 % de ses céréales à l’Ukraine, aggravant la situation globale, les marchés alimentaires sont plus instables que jamais.
  • L’intégration de l’industrie alimentaire dans le marché financier sans aucune compensation pour les agriculteurs eux-mêmes, en plus des conflits internes et des événements climatiques extrêmes contribue à l’état d’insécurité alimentaire généralisée.
  • Dans cette situation dramatique, J. Kwao plaide pour une réforme profonde de l’industrie alimentaire mondiale elle-même :
    • La production alimentaire nette dans le monde a augmenté simultanément à l’augmentation de la faim.
      • Ceci est dû à une mauvaise distribution des produits, au gaspillage, à la divergence de la production vers la production d’aliments pour animaux et de carburant, le tout englobé dans un modèle économique donnant la priorité au profit plutôt qu’à l’alimentation des populations vulnérables.
      • L’UE a annoncé un paquet de financement de 600 millions d’euros pour l’aide à la crise alimentaire mais le financement dans le paquet est maigre et ne résoudrait pas tous les problèmes.
    • Selon l’article, il faudrait donc : sortir la production alimentaire des pays en voie de développement de la dépendance aux engrais ; encourager les pratiques de production alimentaire régénératrice ainsi que la production de denrées alimentaires essentielles aussi près que possible du consommateur, ; réacheminer les excédents alimentaires vers le Programme alimentaire mondial ; investir dans l’adaptation climatique de l’agriculture ; et enfin annuler la dette des pays susceptibles de ne pas rembourser leurs prêts et de subir la récession économique.
      • Au-delà de la dimension humanitaire et durable de ces mesures, elles sont nécessaires sur le plan géopolitique pour contrer la « diplomatie du blé » de la Russie qui cherche à jouer sur la vulnérabilité du Sud pour retourner l’opinion contre l’Occident.
      • En effet, la dépendance à l’égard des engrais s’est récemment transformée en une crise diplomatique aux conséquences durables en raison de la mauvaise gestion de la Commission européenne.

  • On relèvera que vendredi 16 septembre 2022, V. Poutine accusait l’UE de bloquer l’exportation d’engrais agricole russe vers les pays tiers qui en ont besoin.
    • Ceci était vrai jusqu’au 19 septembre, date à laquelle l’embargo sur la manutention des engrais russes a été levé.
    • La raison en est qu’il y avait une série de mesures dans les sanctions russes qui visaient à éviter l’aggravation de l’insécurité alimentaire mondiale dans l‘Initiative Cérealière du 22 juillet qui a accidentellement omis l’autorisation d’exporter des engrais vers les pays qui en ont besoin.
    • Les 27 surveillent de plus près la commission et ont demandé la suppression de ses « lignes directrices » pour les réexaminer.