JEU DE GO

En ce second semestre 2022, le monde multipolaire cherche encore son équilibre entre représailles, sanctions, pressions et guerre d’influence.

  • C’est ainsi que le 15 juillet, la Commission européenne a présenté de nouvelles sanctions contre la Russie, sans les considérer comme un septième paquet, puisqu’elles devraient compléter et harmoniser le sixième paquet déjà mis en place. Il reste aux États membres à approuver cette proposition.
    • Parmi ces nouvelles sanctions se trouve l’interdiction des importations d’or russe, consécutivement à une décision des pays du G7 lors du sommet en juin.
      • Cependant, comme le souligne Euractiv, l’interdiction pourrait n’avoir qu’une valeur symbolique puisque les mesures en place ont déjà fermé le marché européen ainsi qu’américain.
      • De plus, le nouveau paquet de sanctions prévoit l’élargissement de la liste de biens interdits d’exportation vers la Russie et la liste des personnes liées à V. Poutine.
      • Ce paquet pourrait finalement contenir des clarifications vis-à-vis de l’enclave de Kaliningrad, territoire contesté entre la Lituanie et la Russie.
    • Comme pour l’adoption du sixième paquet de sanctions, retardé par le gouvernement hongrois, celui-ci a demandé de retirer de la liste des personnes à sanctionner, le chef de l’Église orthodoxe russe, le patriarche Kirill.

  • Dans une analyse pour  Le Grand Continent, Carlo Galli considère que la complexité de la guerre en Ukraine repose sur trois niveaux.
    • D’abord, elle est en rupture avec le concept des deux blocs qui caractérisait la guerre froide, car plusieurs États ne se sont pas alignés, comme l’Inde par exemple. De plus, nous sommes encore dans une phase de guerre chaude.
    • Le deuxième niveau est géopolitique : l’équilibre entre Europe et Russie se base sur l’Ukraine, qui sert d’intermédiaire, et se dispute dans les territoires de Kaliningrad et Odessa.
    • Le troisième niveau de cette guerre est sa dimension mondiale.
      • L’Europe est à nouveau le territoire contesté entre États-Unis et Russie et les alliés respectifs.
      • Cette guerre manifeste aussi que l’hégémonie des États-Unis n’est pas encore terminée.
  • Le retour de la menace nucléaire inquiète. Le Kremlin n’a déjà pas respecté “l’accord de Budapest”, dans lequel la Russie, les États-Unis et le Royaume-Uni s’engageaient à ne jamais recourir à la force contre l’Ukraine.
    • Le manque de respect de cet accord et la menace ouverte que V. Poutine a lancé le 24 février 2022 à propos de l’utilisation d’armes nucléaires, laissent le monde en suspens.
    • Pourtant, selon Nick Ashdown pour le Green European Journal, il n’y aurait pas de vraie menace en ce sens.
      • Pavel Podvig, grand spécialiste des armes nucléaires russes à l’Institut des Nations unies pour la recherche sur le désarmement, estime que la Russie ne rompra pas l’accord de non-prolifération.
      • Du même avis, Aaron Stein, expert en non-prolifération et directeur de recherche au Foreign Policy Research Institute de Philadelphie. Selon lui, la guerre en Ukraine ne répond à aucun des critères de la doctrine russe qui autoriserait l’utilisation du nucléaire.

  • Enfin, la semaine dernière, le géant gazier russe Gazprom a fait monter la tension en annonçant ne posséder aucun document sur la turbine envoyé au Canada pour réparation, ce qui empêcherait le fonctionnement de la station de compression de Portovaya. Certains analystes s’attendent à ce que Poutine suspende complètement les livraisons, réduites par exemple pour l’instant à 20% des capacités de Nord Stream 1.
    • Cependant, le défi géopolitique le plus important à relever pour assurer cette sortie des énergies fossiles russes semble consister en la production d’énergies renouvelables et la fabrication de batteries.
    • Si l’Europe dépend déjà de plusieurs pays à propos du pétrole (Moyen-Orient), du gaz (Russie) il ne faut pas oublier que les batteries de lithium, indispensables à l’énergie électrique, sont sous contrôle chinois.
      • Pour cela, il sera difficile pour l’Europe de contrecarrer les efforts de la Chine pour contrôler la production de matières premières à l’étranger, comme au Congo, surtout si l’on tient compte des tensions sino-européennes.
    • De même, l’énergie solaire et en particulier la production et la vente de panneaux solaires est en train de devenir à l’apanage de la Chine.
      • Selon le rapport de l’Agence Internationale de l’énergie (AIE), la Chine détient 80% du marché de panneaux solaires à chaque étape de la chaîne d’approvisionnement de l’énergie solaire photovoltaïque.
    • Dans le domaine éolien la Chine ne fait qu’augmenter son contrôle. Les fabricants chinois ont exporté 7,2 milliards de dollars de produits de turbines l’année dernière, contre 2,2 milliards de dollars dix ans auparavant.