BALKAN CAN

La lutte d’influence entre UE et Russie dans les Balkans s’est traduite concrètement par une  visite d’État compliquée pour Sergueï Lavrov. Alors que ce dernier devait se rendre lundi 6 juin en Serbie, les trois pays voisins, à savoir la Bulgarie, la Macédoine du Nord et le Monténégro (deux États candidats) ont fermé leur espace aérien au ministre russe des Affaires étrangères, dans le cadre sanctions européennes.

  • La visite de Lavrov avait été annoncée après que le président de Serbie ait déclaré avoir conclu un accord « extrêmement favorable » sur le gaz naturel avec Moscou.
  • Le président serbe, Aleksandar Vucic, s’est plaint des pressions qualifiées « d’excessives » sur son pays, au milieu de « l’hystérie » anti-Moscou en Europe.
    • Il a également accusé l’Union d’hypocrisie sur la non-coopération avec la Russie, car S. Lavrov doit se rendre dans les prochains jours en Turquie, membre de l’OTAN.
  • De son côté, Lavrov a blâmé l’Union européenne pour cette décision, en affirmant qu’elle ne permettait pas aux pays des Balkans de choisir librement leurs partenaires dans le contexte actuel.
    • Il a invité son homologue serbe à se rendre à Moscou.

L’autre puissance influente dans les Balkans, le soft power chinois, se manifeste dans les projets d’infrastructures.

  • L’engagement chinois dans la région est lié au grand projet des Nouvelles Routes de la Soie (OBOR -Belt&Road Initiative), qui a pour objectif d’améliorer l’interconnexion entre Asie et Europe afin d’accélérer les flux d’échanges et augmenter les intérêts communs entre Chine et UE.
  • Stratégiques, les Balkans où la Chine est déjà fort présente deviennent un enjeu disputé.
    • La ligne de train à grande vitesse Soko en Serbie qui relie Belgrade et Novi Sad a été étendue jusqu’à la frontière hongroise.
    • D’ailleurs, La Hongrie a signé avec China Communications Construction Company et China Railway International Group afin d’étendre la ligne jusqu’à Budapest.
    • Comme nous l’avions déjà vu et engagement financier chinois, n’est pas gratuit, contrairement aux subventions européennes.
      • Le Monténégro enregistre actuellement une dette de plus de 800 millions d’euros avec Exim Bank of China.
      • La construction de l’autoroute longue de 42 km est devenue un scandale environnemental et financier. (voir EIH)
      • Afin de rembourser sa dette, le pays s’est vue contrainte de laisser le chantier à CRBC (China Road and Bridge Corporation) qui a ouvert une branche locale.
  • Un peu plus à l’Ouest, vendredi 27 mai, le ministre croate, Oleg Butkovic, a affirmé bientôt voir terminé « le plus grand et le plus important projet d’infrastructure de Croatie ».
    • Financé par la Chine et la Russie, il s’agit d’un pont qui pour relier la côte dalmate à la presqu’île de Peljesac, permettant de joindre directement les villes de Dubrovnik et Split.

  • Chine et Russie, dans les États ex-yougoslaves, insistent sur leur capacité à pallier la faiblesse de l’engagement européen dans la région. Or, comme souvent, c’est un leurre.
    • Si Veselin Simovic, chargé de superviser le chantier de la ligne de train Soko, explique l’UE « ne voulait pas investir ».
      • Qui veut noyer son chien, l’accuse de la rage.
    • « La Chine a proposé de financer des infrastructures sans trop poser de questions : la seule condition est d’employer des entreprises chinoises », répond Stefan Vladisavljev, de la “Fondation pour l’excellence politique” de Belgrade.
      • On relèvera en particulier que l’UE exige un alignement sur ses normes environnementales et de transparence pour subventionner et investir dans ce type de chantiers, alors que la Chine n’impose aucune contrainte ayant un quelconque lien avec l’État de droit ou la protection de l’environnement.
      • Et que le Commissaire hongrois Olivér Várhelyi brille à nouveau par son absence.